Le déconfinement régional "est le plus facile à mettre œuvre", selon l'Académie de médecine

  • Copié
, modifié à
L'Académie de médecine a recommandé mardi un déconfinement par région. "C’est le plus facile à mettre œuvre avec les moyens et les possibilités que nous avons, avec les préfectures et les Agences régionales de santé", explique l'épidémiologiste Yves Buisson, membre de l'Académie interrogé mardi soir sur Europe 1. 
INTERVIEW

Se dirige-t-on vers un déconfinement par région ? L'Académie de médecine a formulé une recommandation en ce sens mardi. Cette possibilité avait déjà été évoquée la semaine dernière par le Premier ministre Edouard Philippe. "C’est le plus facile à mettre en œuvre avec les moyens et les possibilités que nous avons, avec les préfectures et les Agences régionales de santé (ARS) qui auront un rôle majeur à jouer" estime l'épidémiologiste Yves Buisson, membre de l’Académie de médecine, interrogé mardi soir sur Europe 1. 

"La France ne connaît pas une situation homogène de l’épidémie. Certaines régions ont été beaucoup plus précocement et durement touchées, cela justifie un déconfinement régional que nous soutenons à l’Académie de médecine."

Le déconfinement par tranche d'âge, "très complexe à imaginer"

Yves Buisson s'est en revanche montré beaucoup plus mesuré sur un déconfinement par tranche d'âge, autre possibilité évoquée par le Premier ministre. "En théorie, le déconfinement par tranche d’âge est intéressant, surtout qu’on sait que les personnes âgées sont plus à risque. En pratique, c’est très complexe à imaginer. On peut imaginer que dans de nombreux foyers vont cohabiter des confinés et des déconfinés, c’est compliqué", juge-t-il. 

L'épidémiologiste s'est également prononcé contre un confinement prolongé pour les personnes qui n'auront pas été contaminées. "Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. On ne va pas rester sous cloche indéfiniment si on n’est pas contaminés. Il faut raisonner globalement, avec les hôpitaux notamment. Le passage en déconfinement ne pourra être envisagé que quand les services de réanimation auront retrouvé une activité normale, d’avant l’épidémie", assure-t-il. 

Le confinement durera "bien au-delà du 15 avril"

Le membre de l'Académie de médecine s'est refusé à spéculer sur une date de déconfinement, mais il est persuadé que celui-ci durera "bien au-delà du 15 avril". "Sûrement début ou mi-mai. Mais je n’ai pas les éléments pour faire des prévisions, et si on en fait on aura beaucoup de chance de se tromper", a-t-il tempéré. 

Mais une chose est certaine, selon lui : "On déconfinera quand on considérera que les indicateurs épidémiologiques seront de retour à leur niveau de base. C’est difficile de prévoir, on espère quelque chose de rapide. Peut être aussi qu’on sera aidés par la nature, et que le virus ne supportera pas les chaleurs d’été, mais on n’en est pas sûrs."

Il "espère" un port généralisé du masque

Yves Buisson s'est également déclaré favorable à un port généralisé du masque pour toute la population française, qui n'est pour le moment pas obligatoire. "On a eu une pénurie de masques, qui est en train progressivement de se réduire, mais ces masques doivent prioritairement aller aux établissements de soin. Si tout le monde doit porter un masque, il faut se reporter sur des masques alternatifs. On a tous de quoi faire un masque chez soi", assure-t-il. 

"J’espère que la décision (de généraliser le port du masque) sera prise comme dans d’autre pays. Cette décision aura un impact certain sur la diminution de la transmission, à condition de respecter les normes actuelles", a souhaité l'épidémiologiste. L'Académie de médecine a recommandé vendredi d'imposer le port du masque à toute la population, afin d'endiguer la pandémie. Le ministre de la Santé Olivier Véran s'est dit "ouvert" à cette question.