Coronavirus : pour Philippe Douste-Blazy, "il faut profiter de l'avant-11 mai pour tester tout de suite"

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Pauline Rouquette , modifié à
Invité à réagir, dimanche soir, sur le point-presse du Premier ministre Édouard Philippe sur la situation liée au coronavirus, l'ancien ministre de la Santé et professeur de médecine, Philippe Douste-Blazy a averti sur Europe 1 de la nécessite d'éviter un effet rebond via une stratégie importante basée sur l'isolement, les masques, mais surtout les tests.
INTERVIEW

"J'ai une petite différence avec le Premier ministre, c'est que je crois qu'il faut profiter du confinement et des trois semaines qui nous séparent du 11 mai pour y aller tout de suite", estime Philippe Douste-Blazy, évoquant la nécessite d'avoir davantage recours aux tests de dépistage par voie nasale. 

Invité d'Europe 1, dimanche, l'ancien ministre de la Santé, cardiologue, épidémiologiste et professeur de médecine a affirmé "qu'il y a suffisamment de tests à la seule condition de guider les équipes mobiles de dépistage" vers les territoires où l'on sait que le coronavirus sévit davantage. Mulhouse, les Hauts-de-France, Lyon, les 18e et 19e arrondissements de Paris... "C'est en ciblant la population puis en séparant vers des hôtels thérapeutiques que l'on va casser l'épidémie", ajoute-t-il.

"Il faut éviter un effet rebond"

Le Premier ministre, Édouard Philippe a donné une conférence de presse, dimanche, aux côtés du ministre de la Santé, Olivier Véran afin d'aborder la situation liée à la pandémie de Covid-19 en vue du prochain déconfinement. Pour Philippe Douste-Blazy, "c'est un langage de vérité, parce qu'il faut éviter un effet rebond". Prenant l'exemple de la Corée du Sud, "remarquable dans le traitement de la première vague", mais commençant à faire l'expérience d'une deuxième, l'ancien ministre a affirmé la nécessité de mettre en place "une stratégie importante basée sur les tests, l'isolement et les masques."

"Donner une date comme le 11 mai, ça a l'avantage d’être une date concrète, mais il faut faire attention à ne pas lâcher les gestes que nous avons appris à faire depuis deux ou trois mois", poursuit-il. Les masques ne doivent cependant "pas faire oublier les mesures de distanciation sociale", estime Philippe Douste-Blazy qui ajoute qu'il est "extrêmement important que nous ayons suffisamment de masques le plus rapidement possible" pour que les Français ne se contaminent pas une fois déconfinés. "Il suffit de voir les résultats à Hong Kong, au Vietnam ou à Taïwan", ajoute-t-il.

Dimanche soir, Olivier Véran a précisé que des masques "grand public", en tissu, seront produits à hauteur de 17 millions par semaine d'ici le 11 mai.

Dépister puis isoler

Plus encore, Philippe Douste-Blazy insiste sur la nécessité d'isoler du reste de la population, les malades et toutes les personnes ayant été en contact avec eux. "C'est ce que nous demandons depuis toujours ; c'est ce que fait l’Allemagne qui a quatre fois moins de décès que nous, et tous les pays qui ont réussi à casser cette épidémie", explique-t-il.

Il faut donc, selon lui, un système de dépistage massif allant vers ceux qui ont des signes de la maladie "et surtout ceux qui ont touché ces personnes, parce qu'aujourd'hui, 40% des gens testés positifs sont asymptomatiques et donc, ne savent pas qu’il ont le virus".

"Il faut aller vers l’isolement", insiste le médecin et ancien ministre. "Le président des hôtels Accor a proposé de prêter ses hôtels, il y a des expériences à Perpignan, qui fonctionnement très bien avec Médecins du Monde et les secouristes locaux", énumère-t-il. "C'est dur, ce sont des équipes mobiles qui doivent aller chez les gens", concède Philippe Douste-Blazy. Mais "la seule solution" pour faire face à cette pandémie, "c'est d'être suffisamment fort".