Facebook met ses données, anonymisées, au service des chercheurs qui luttent contre le coronavirus. 1:29
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Facebook a déployé en France un sondage auprès de ses utilisateurs, en partenariat avec l'Université du Maryland, pour tenter de d'identifier les personnes souffrant de symptômes associés au coronavirus. C'est l'un des multiples outils que Facebook a bâti autour de ses gigantesques masses de données pour aider la recherche.

Si, comme 37 millions de Français, vous êtes inscrit sur Facebook, vous allez peut-être voir un étrange message en vous connectant au réseau social dans les prochains jours : une bannière en haut de votre "mur", qui vous propose de participer à un sondage pour "aider les chercheurs à anticiper où le Covid-19 va se propager". Cet outil, déjà en place aux États-Unis depuis début avril, est déployé en France depuis mercredi. Il fait partie de l'arsenal technologique déployé par Facebook qui tente de mettre sa communauté, et ses données, au service de la lutte contre le coronavirus.

Un sondage anonyme pour les chercheurs

Si vous cliquez sur cette bannière, affichée progressivement sur le mur des utilisateurs de plus de 18 ans, vous allez être dirigé vers un sondage sur le coronavirus. Fièvre, toux, perte du goût et de l’odorat : vous indiquez en quelques clics si vous présentez un ou plusieurs de ces symptômes du Covid-19. Précision importante : ce n’est pas un sondage fait par ni pour Facebook. Le réseau social s’est associé à l’Université américaine du Maryland : c’est elle qui va traiter les réponses, de façon anonymisée, uniquement dans un but scientifique.

Le sondage de Facebook sur le coronavirus est déployé en France progressivement.

Facebook assure, lui, qu’il ne collectera aucune donnée. "Cette enquête est menée selon un protocole garantissant la protection des données des utilisateurs puisque Facebook ne partage aucune donnée identifiante avec l'Université du Maryland, qui ne partage pas avec Facebook les réponses individuelles des utilisateurs à ce sondage", précise le réseau social dans un communiqué. Le message est martelé à l'envi par Facebook tant sa position dans le débat sur les données et le tracking est sujette à controverse, tout comme celle des autres géants que sont Apple et Google. 

Cartographier la progression du coronavirus

Aux États-Unis, ce sondage est déjà testé depuis début avril, en partenariat avec une autre université, celle de Carnegie Mellon, en Pennsylvanie. Grâce à cet outil, les chercheurs américains ont ainsi pu mettre au point une carte qui indique quels sont les comtés qui recensent le plus de personnes touchées par les symptômes du coronavirus. Le déploiement de cet outil en France donnera lieu à la création d’une carte similaire. Le sondage fournit, malgré tout, uniquement des réponses déclaratives, ce qui limite la portée scientifique puisqu'il est possible de déclarer des symptômes sans être infecté par le Covid-19. Même en étant de bonne foi, cela peut parfois être une simple grippe. 

En partenariat avec Facebook, l'université Carnegie Mellon de Pennsylvanie a mis au point une carte recensant les porteurs de symptômes du coronavirus.

Mais l’intérêt de s’associer à Facebook est bien réel pour les chercheurs : le réseau social leur donne accès à une immense base de données. En seulement une semaine, un million d’utilisateurs américains de Facebook avaient ainsi répondu à l’enquête, un socle bien plus important que celui des études universitaires classiques. Ces données permettent ainsi aux chercheurs de suivre l’évolution du coronavirus. Car, au-delà des États-Unis et de la France, le sondage de Facebook est désormais déployé dans le monde entier, où il compte 2,5 milliards d'utilisateurs.

Un partenariat avec de grandes écoles françaises

Ce sondage fait partie des outils que le réseau social met à disposition des chercheurs du monde entier dans le cadre de son programme "Data for Good", qui vise à faciliter la lutte contre le coronavirus en utilisant les données numériques. Facebook fournit notamment des cartes sur l'amplitude des mouvements de population, fabriquées avec les données de géolocalisation de ses utilisateurs (uniquement ceux qui autorisent l'application à suivre leur position). "Les données peuvent aider les gouvernements à déterminer où affecter des ressources telles que les respirateurs ou les équipements de protection et, à terme, à définir quelles sont les zones les plus sûres à déconfiner", a expliqué le fondateur de Mark Zuckerberg dans une tribune publiée par le Washington Post.

En France, Facebook a annoncé un partenariat avec le pôle universitaire Paris Sciences et Lettres. "PSL" regroupe, entre autres, l'École des Mines, l'École normale supérieure, l'Institut Curie et l'université Paris-Dauphine, et travaille en partenariat avec le CNRS et l'Inserm. Les chercheurs de ces différents établissements peuvent accéder aux données fournies par Facebook pour alimenter et tester leurs modèles scientifiques, notamment ceux liés à la propagation du coronavirus et aux scénarios de déconfinement.