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Cyrille de la Morinerie, édité par Antoine Cuny-Le Callet , modifié à
Selon une récente étude, les 18-24 ans ne s'intéressent plus autant qu'avant au football à la télévision. Subissant déjà les conséquences de la crise sanitaire et le casse-tête des droits télé, les acteurs du monde du ballon rond cherchent une stratégie pour susciter à nouveau l'engouement du jeune public.

Alors que le flou règne toujours autour du rachat des droits télévisés de la Ligue 1, ce qui paraissait impensable il y a quelques années est en train de se réaliser : les jeunes lâchent le football à la télévision. A peine 30% des 18-24 ans disent être fan de foot, d’après une étude de l’association européenne des clubs réalisée dans sept pays dont la France. Victime d'un certain désamour, le football peut-il redevenir attrayant ?

Avec Netflix, Disney+, les jeux vidéo et les réseaux sociaux, le sport roi n’est qu’un produit parmi d’autres pour se divertir. Surtout, le format n’est pas très accommodant. "Ces 90 minutes, je peux les utiliser pour faire autre chose", explique Lily-Sophie, une étudiante de 20 ans qui se dit fan de football. La génération Z se tourne désormais davantage vers les contenus plus courts. "Je préfère regarder un résumé qui prend beaucoup moins de temps. Dans le métro c’est pratique, ça dure cinq minutes et on peut même regarder plusieurs résumés. C’est comme si on avait vu plusieurs matchs en l’espace de 10-15 minutes."

Les audiences divisées par deux en dix ans

Les chiffres d’audience semblent confirmer les propos de Lily-Sophie. Le foot n’attire pas autant sur le petit écran. En dix ans, les audiences du foot français ont été divisées par deux, selon une information du magazine Capital. Sur Canal+, les matches de Ligue 1 sont en moyenne deux fois moins regardés que les Grands Prix de Formule 1 qui réunissent environ un million de téléspectateurs à chaque retransmission ces derniers mois.

Que peut donc faire le football français pour sortir de cette mauvaise passe ? Certains suggèrent de s’inspirer de la NBA. Avec ses stars planétaires et ses actions spectaculaires, le basket américain propose des résumés haletants à portée de clic et de smartphone. Free a déjà saisi le message en achetant les droits digitaux de la Ligue 1. "Les droits digitaux deviennent de plus en plus importants", affirme l’économiste du sport Pierre Rondeau. Selon lui, le géant des télécoms a de quoi se frotter les mains : "Free sait pertinemment que jusqu’en 2024, il ne déboursera 'que' 42 millions d’euros par an. D’ici quelques mois, [les droits] pourraient prendre une valeur inestimable."

Les clubs tentent d'innover

Les clubs, confrontés à l’imbroglio autour des droits télé et à l’absence des supporters dans les stades, sont aussi appelés à s’adapter. L’Olympique de Marseille fait par exemple sa révolution en allant sur les plateformes prisées par les jeunes. L’OM est le premier club français à s’être lancé sur le site de diffusion vidéo en direct "Twitch" en y créant sa chaine. Les deux matches amicaux diffusés ont fait un carton l’été dernier en réunissant au total près de 270.000 spectateurs.

"Il y a d’autres moyens de toucher les supporters de foot que la télévision et Twitch est l’un de ces moyens", déclare Hugues Ouvrard, directeur général du club phocéen, interrogé par Europe 1. "Avec Twitch on a la possibilité d’interagir directement avec les gens qui nous suivent. C’est un besoin très fort de la part des supporters d’être en contact avec leur club dans les périodes compliquées que l’on vit en ce moment."

Tout n’est donc pas perdu et les jeunes peuvent à nouveau être séduits par le football. L’Olympique de Marseille a d’ailleurs constaté que les maillots se vendaient toujours comme des petits pains. L’enjeu est désormais de se diversifier. Ici encore, l’OM fait office de précurseur après avoir lancé son équipe d’e-sport, avec l’aide Antoine Griezmann, ou encore son propre label de musique.