Didier Deschamps, Euro, équipe de France... Guy Stéphan se livre

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Guy Stéphan est l'entraîneur adjoint de l'équipe de France de football depuis 2012. © FRANCK FIFE/AFP
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Cyrille de la Morinerie, édité par Colin Abgrall
Avant le prochain match de l'équipe de France face au Kazakhstan, samedi soir, Guy Stéphan, l'entraîneur adjoint de Didier Deschamps, s'est confié à Europe 1. L'ancien coach de 65 ans revient sur les derniers résultats des Bleus et sa relation avec le sélectionneur, avec qui il n'a jamais pensé "une seule seconde à arrêter".
INTERVIEW

Il est le bras droit de Didier Deschamps. Guy Stéphan, l'entraîneur adjoint des Bleus, s'est confié avant le prochain match de l'équipe de France de football face au Kazakhstan, samedi soir en qualifications pour la Coupe du monde 2022 au Qatar. Nommé adjoint en 2012, l'ancien coach de 65 ans est un fidèle du sélectionneur. Sur Europe 1, Guy Stéphan évoque le succès en Ligue des nations, l'échec de l'Euro 2020, son entente avec Deschamps et sa vision de l'équipe de France.

Vous vous attendiez à la victoire en Ligue des Nations après un été particulièrement difficile ? 

C’était d’abord important de faire un bon débrief de l’Euro. Ça s'est terminé contre la Suisse après avoir fini premier d’un groupe avec l'Allemagne et le Portugal. L'objectif n'a pas été atteint, donc on a analysé ce qui n’est pas allé. Cette Ligue des nations nous a fait beaucoup de bien car on a battu des équipes parmi les meilleures du monde, la Belgique et l'Espagne, qui étaient extrêmement motivées. Un beau football produit, de l’intensité, de la générosité et un gros mental pour renverser la situation contre la Belgique (2-0 pour les Belges à la mi-temps) et contre les Espagnols. Il y a beaucoup de satisfaction. Ça me fait en plus un quatrième titre avec l’équipe de France sur les huit qu’elle a gagnés dans toute son histoire.

Nous avons souvent demandé, après l’Euro, si Didier Deschamps voulait continuer. Il répondait que oui, qu’il en avait l’envie. Mais vous, vous êtes vous posé la question ? 

Pas une seconde. On avait conscience que ça n’avait pas fonctionné. On a analysé directement ce qui était bon et ce qui était moins bon. On a fait en sorte d’être opérationnel dès le mois de septembre. Mais ni Didier ni moi n'avons pensé une seule seconde à arrêter. On a foi en ce groupe et en ce qu’on fait. On a suffisamment d'expérience pour savoir que l’on ne peut pas tout gagner. Mais il faut parfois se remettre en question et apporter de la fraîcheur à un groupe. 

Après cette vie en équipe de France, allez-vous suivre Didier Deschamps, prendre seul un club comme votre fils Julien ou bien aller à la pêche, chez vous en Bretagne ? 

Ça ne fait pas partie de mes préoccupations du moment. Aujourd'hui, je suis tourné vers la qualification à la Coupe du monde 2022. Elle n’est pas acquise. On aborde ce match avec humilité et ambition. Il faudra une victoire. Ce n’était même pas le cas en 1993, alors qu’il nous restait deux matchs contre l’Israël et la Bulgarie et qu’il ne fallait qu’un seul point. Nous n’avons pas envie de revivre ça. En ce qui concerne ma suite, on verra. 

Ce sera un subtil mélange entre "Attention les gars" et "Jouez votre football, vous êtes favoris". Aussi, pas mal de joueurs n’ont pas connu le France-Bulgarie de 1993...

Oui, la plupart des joueurs n’étaient pas nés. Même Hugo (Lloris), qui fait partie des plus anciens, n’avait que six ans et ne s’en rappelle pas. Mais ça fait partie de l’histoire de l’équipe de France. Et d’autres nations aujourd'hui n’ont pas leur qualification acquise. Ce passage est toujours difficile. On pense que ça peut être facile, mais non. 

Karim Benzema s’est parfaitement adapté après cinq ans sans sélection. Avec Antoine Griezmann et Kylian Mbappé, forment-ils la meilleure attaque de l'histoire des Bleus ?

L’une des meilleures, c’est sur. Après, par rapport à 1999-2000, Henry-Zidane-Trezeguet, c’est dur de comparer. Mais notre équipe avec ces trois-là est très intéressante, car il y a de belles complicités entre eux. Il y a un jeu tourné vers l’offensif, des une-deux, des une-deux-trois, du jeu en une touche, la capacité d’éliminer... Cette attaque a beaucoup d’atouts et elle rentre dans un collectif, ce qui fait gagner des matchs.

Ce collectif est marqué par la paire Varane-Kimpembe en défense. Ils sont absents, alors comment fait-on pour jouer sans ces deux tauliers ? 

La défense a un peu évolué, car nous jouons avec trois défenseurs centraux. Il faudra faire sans, et ceux qui seront alignés devront être à la hauteur. C’est un groupe qui a beaucoup été renouvelé ces derniers temps avec des joueurs comme (Dayot) Upamecano, (Jules) Koundé, (Mattéo) Guendouzi, (Moussa) Diaby et d’autres. Cela amène de la fraîcheur. Ça ne veut pas dire que d'autres joueurs ne reviendront pas, mais c’est un groupe qui évolue beaucoup. Il n'y aura que sept champions du Monde dans le groupe, car Paul (Pogba) nous a quittés pour un problème à la cuisse. Cela veut dire que l’on regarde ce qu’il se passe dans les différents championnats. 

Le gardien de but Hugo Lloris est au top de sa forme. Vous êtes inquiet pour l’après Lloris ? 

Il fait une carrière extraordinaire. Il a fait des matchs extraordinaires contre la Belgique et l’Espagne. Il est plus jeune que jamais. Mais l’heure de la retraite arrivera un jour. Il y en a d'autres qui vont venir, je pense notamment à Mike Maignan qui est blessé en ce moment. Hugo marque tellement son poste que la succession sera difficile. Ce n’est pas un capitaine gueulard. Il élève la voix uniquement par moment. Il pèse ses mots à chaque fois qu’il intervient. Il est extrêmement écouté.