Football : du virtuel à la réalité, qui est John Textor le géant qui a racheté le club de Lyon ?

La holding américaine Eagle Football Holding gérée par le multi-millionnaire John Textor est devenue ce lundi l'actionnaire majoritaire de l'OL Groupe, qui englobe le club de football de l'Olympique lyonnais
La holding américaine Eagle Football Holding gérée par le multi-millionnaire John Textor est devenue ce lundi l'actionnaire majoritaire de l'OL Groupe, qui englobe le club de football de l'Olympique lyonnais © AFP
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avec AFP
Pionnier de la réalité virtuelle, le multimillionnaire américain John Textor consolide ses positions dans le football en devenant l'actionnaire majoritaire de l'Olympique lyonnais (OL) via une holding créée dans ce but avec l'homme d'affaire canadien Jamie Holder.

L'affaire tient en haleine les supporters du club depuis six mois, jalonnés de rumeurs et de reports successifs avant la finalisation intervenue lundi. En juin dernier, en annonçant l'accord avec Eagle Football, le patron historique de l'OL Jean-Michel Aulas avait pourtant affirmé que "Textor coche toutes les cases" pour reprendre le club qui se relève d'une période financière compliquée et traverse une mauvaise passe sportive.

À l'époque, des photographies avaient immortalisé les deux hommes ensemble, tout sourire. Selon l'accord passé avec Textor, Jean-Michel Aulas, 73 ans, devait conserver la gestion opérationnelle du club une fois la cession actée et rejoindre la direction d'Eagle Football.

En 35 ans de présidence, Aulas a fait passer l'OL du statut de club associatif bricolant en D2 avec un budget de 3 millions d'euros en une entreprise cotée en Bourse, fleuron du secteur du divertissement et des médias, valorisée pour son rachat à environ 800 M EUR. Sans oublier sept titres consécutifs de champion de France (2002-2008) et deux demi-finales de Ligue des Champions (2010-2020).

Streaming d'événements sportifs

En se présentant à Lyon, l'Américain âgé de 56 ans, avait souligné la double force de la marque OL "dans le sport et le divertissement" en disant son intention d'en faire "l'épicentre" de ses projets liés au football.

Cet ancien skateur professionnel et ancien programmateur informatique s'est fait connaître dans le monde virtuel, des effets spéciaux au cinéma à la création digitale par intelligence artificielle puis au streaming d'événements sportifs en direct.

En 2016, le magazine Forbes le dépeint en "gourou de la réalité virtuelle à Hollywood", consacrant ainsi son activité dans ce marché, comme le rappelle sa biographie sur son site internet.

Des effets spéciaux à l'intelligence artificielle

De 2006 à 2012, il a présidé le conseil d'administration de Digital Domain, un studio d'effets spéciaux pour le grand écran créé par le réalisateur canadien James Cameron.

Outre sa participation aux effets spéciaux de films comme Transformers, Tron : Legacy et un volet de la saga Pirates des Caraïbes, le studio s'est fait connaître en vieillissant de façon ultra-réaliste Brad Pitt dans L'Étrange histoire de Benjamin Button (2008). Mais la société est placée sous le régime américain des faillites en 2012.

John Textor lance alors Pulse Evolution, qui développe des hologrammes, en particulier de stars disparues, avec en 2012, une apparition dans un festival californien du rappeur américain Tupac Shakur, décédé en 1996 ou en 2014, un Michael Jackson au Billboard Music Awards. Deux performances visionnées des millions de fois sur YouTube.

L'homme d'affaires né dans le Missouri se lance ensuite dans l'intelligence artificielle. Il crée EvolutionAI afin de se dédier à "la création d'humains digitaux qui aident à améliorer l'humanité", comme il le dit sur son site internet.

 

Repreneur de Botafogo

Puis il se tourne vers le sport en cofondant FuboTV, un service de streaming axé sur la diffusion en direct d'événements sportifs. Il tente de prendre le contrôle des clubs portugais Benfica et Sporting Lisbonne avant de réussir à entrer au capital du club londonien de Crystal Palace (Premier League) en août 2021, avec 40% des parts.

Puis il s'empare de Botafogo, club brésilien historique, en reprenant 90% de son capital et en met la main sur 80% des actions du RWD Molenbeek, qui ambitionne de retrouver l'élite du football belge. A l'époque, Thierry Dailly, président du club belge, le présente comme un "passionné de foot". Ses tweets enflammés sur Botafogo en attestent, même s'il est avant tout un homme d'affaires. "Le football n'est pas différent de toute autre entreprise. Vous devez gagner pour être rentable", déclarait-il à CNN en mars.

De report en report, le bouclage de la cession de l'OL a pris des allures de feuilleton et fait douter les supporters de ses capacités financières. "Sachez que des transactions comme celle-ci peuvent être assez compliquées pour les acheteurs et les vendeurs", avait-il écrit mi-octobre sur son site internet pour calmer les rumeurs négatives. Deux mois plus tard, il a cependant fini par boucler son tour de table.