Des volants aux manettes, le renouveau de la Formule 1 passe aussi par le jeu vidéo

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Depuis 2017, la Formule se renouvelle en s'aventurant sur de nouveaux terrains, comme les séries mais aussi les jeux vidéo. Avec les compétitions de esport, auxquelles participent certains des pilotes des vraies écuries, les organisateurs des courses essayent de séduire un public jeune. Avec succès.
DÉCRYPTAGE

C'est presque une renaissance : la Formule 1 connaît depuis quelques temps un retour en grâce spectaculaire. Après de longues années pendant lesquelles Grand Prix rimait avec ennui, le plus impressionnant des sports automobiles a su se renouveler avec une nouvelle génération de pilotes, un dispositif médiatique pensé pour tous les publics ou encore la série Netflix Drive to Survive sur les coulisses de la F1, qui fait passer les Anges de la Téléréalité pour une aimable prise de bec. Et ce renouveau passe aussi de plus en plus par les jeux vidéo.

La Formule 1 sort de sa zone de confort

Répétitif, long et technique : la Formule 1 n'est pourtant pas le sport le plus propice aux adaptations vidéoludiques. Depuis les années 2000, il bénéficie d'un traitement assez classique avec une licence officielle sur le modèle de FIFA pour le foot : un jeu par année, avec les vraies pilotes et les écuries, comprenant les circuits de la saison et un mode carrière permettant de vivre les sensations d'un nouvel entrant dans le paddock. Du classique donc, globalement bien réalisé par le studio anglais Codemasters, mais sans grande inventivité.

La FIA, l'organisme qui organise les courses de Formule 1, n'a jamais brillé par son extravagance. Mais le renouveau du sport, qui coïncide avec le rachat du championnat par le groupe américain Liberty Media, l'a poussée à s'aventurer hors de sa zone de confiance. En mai, la F1 ainsi noué un partenariat inédit avec le jeu vidéo Rocket League, un des jeux en ligne les plus populaires sur Internet, notamment sur la plateforme de streaming Twitch.

 

Les joueurs de Rocket League ont ainsi pu télécharger un pack comprenant les "skins" des monoplaces officielles des 10 écuries de Formule 1 afin de personnaliser leur bolide. Bolide qui sert ensuite non pas à courir sur un circuit mais à… jouer au football ! Dans ce jeu lancé en 2015, en 1 contre 1 ou 2 contre 2, des joueurs doivent pousser un ballon géant dans les buts adverses en conduisant une voiture. Un concept délirant, prisé par quelque 75 millions de joueurs en six ans : un formidable réservoir de potentiels spectateurs que la Formule 1 essaye de séduire avec ce partenariat.

Des jeux utilisés pour l'entraînement des pilotes

La Formule 1 s'intéresse donc au jeu vidéo mais cela concerne aussi les pilotes. En effet, le jeu officiel de la Formule 1 est devenu tellement réaliste qu’il leur sert de simulateur. Ils y jouent seul ou à plusieurs et l’un des plus actifs sur les circuits virtuels n'est autre que Charles Leclerc qui diffuse ses parties en direct sur Twitch pour ses 650.000 abonnés. Mais le Monégasque n'utilise pas de manette comme les joueurs lambda : il est équipé d'un volant de Formule 1 et de pédales pour coller le plus possible à la conduite réelle. 

Si Charles Leclerc s'amuse, d'autres pilotes incluent carrément les jeux de course dans leur programme d’entraînement. "Les jeux de simulation, notamment Gran Turismo, ont toujours fait partie de ma vie. J'ai grandi avec ce jeu qui m'a forgé en tant que pilote professionnel", raconte à Europe 1 le Français Esteban Ocon, coéquipier de Fernando Alonso dans l'écurie Alpine. "Je joue avant et après les courses, c'est de l'entraînement. Je fais les circuits du calendrier de F1, maintenant, on peut simuler très correctement notre sport."

La F1 se met au esport et les pilotes jouent le jeu

Depuis 2017, il existe même des compétitions de jeux vidéo autour de la Formule 1 : les F1 Esports Series, lancées là encore par Liberty Media. Chaque année, des joueurs du monde entier s'affrontent sur les circuits virtuels. Les 30 meilleurs sont retenus après des qualifications et affectés aux 10 écuries du paddock. Comme en vrai, il y a un classement des pilotes et un classement des constructeurs. Et ça a donné des idées aux vrais pilotes : en 2020, avec la pandémie de Covid-19, ils avaient du temps à tuer donc ils sont rentrés dans la compétition, dans une catégorie à part.

Certains d'entre eux (Leclerc, Albon, Sainz, Giovinazzi...) ont disputé dix courses virtuelles avec qualifications et Grand Prix, mélangés à des pilotes de F2, la catégorie du dessous en course auto, et quelques invités comme le footballeur belge Thibaut Courtois. Les courses étaient diffusées sur Twitch et ont rencontré un tel succès qu’une deuxième édition a eu lieu début 2021. Et les meilleurs pilotes sur la piste ne sont pas forcément les meilleurs dans le jeu vidéo : c’est George Russell qui a remporté le premier championnat virtuel l’an dernier, lui qui a terminé 18ème du championnat au volant de sa Williams.

Les jeux de F1, un business florissant

Et qui dit esport dit business. Les compétitions de jeux vidéo sont un marché en pleine croissance, avec un chiffre d'affaires qui devrait avoisiner les trois milliards d'euros en 2022. Cet engouement a donc donné des idées à Electronic Arts. Le géant américain, qui édite déjà les jeux de foot FIFA, a déboursé 1,2 milliard de dollars début 2021 pour acheter Codemasters, le studio anglais qui réalise les jeux de Formule 1. De quoi donner encore plus de moyens aux équipes pour le prochain opus, F1 2021, qui sortira le 16 juillet.