Coronavirus : le foot européen se déchire sur la poursuite (ou non) de la saison

Le foot européen se déchire en pleine pandémie de coronavirus. La Belgique a été jeudi le premier pays à prendre la décision de mettre un terme à la saison de foot, en raison de la pandémie de coronavirus. Mais l’UEFA, qui pousse pour une reprise des compétitions européennes et nationales dans les semaines à venir, a haussé le ton dans un courrier adressé jeudi aux fédérations, ligues et clubs du Vieux Continent, dont l'AFP a obtenu copie.

"Toute décision d’abandonner les compétitions domestiques est à ce stade prématurée et non justifiée", ont écrit Aleksander Ceferin, le président de l'UEFA, celui de l'Association européenne des clubs (ECA) Andrea Agnelli, et celui de l'Association des Ligues européennes (EL) Lars-Christer Olsson. L'objectif ? Décourager ceux qui voudraient stopper définitivement leur championnat domestique face à la crise sanitaire.

Menace d’exclusion des compétitions européennes

La décision belge va à l'encontre de la position maintes fois répétée par l'UEFA, laquelle a constitué des groupes de travail censés oeuvrer pour "assurer que l'objectif primordial de mener les compétitions à leur terme soit atteint". Stopper les compétitions doit être "le dernier recours", martèle la confédération dans sa lettre. L’instance européenne a même laissé planer la menace d’une exclusion des compétitions européennes (Ligue des champions et Ligue Europa) pour les clubs ayant stoppé leurs championnats.

"La participation aux compétitions de l'UEFA étant déterminée par le résultat sportif atteint à la fin de chaque compétition domestique complète, une interruption prématurée installerait des doutes sur l'accomplissement de cette condition. L'UEFA se réserve le droit d'évaluer la légitimité (de ces clubs) à participer aux compétitions de l'UEFA en 2020-2021", écrit Aleksander Ceferin.

Cette menace vise par exemple le FC Bruges, leader du championnat belge avant l’interruption de la saison et qui devrait, logiquement, être qualifié directement pour la prochaine Ligue des champions. Malgré cette épée de Damoclès, le foot belge a refusé de revenir sur sa position, assumant de "contester toute approche qui consisterait à contraindre une ligue à poursuivre sa compétition dans l'état actuel de la crise sanitaire sous peine de ne plus pouvoir participer aux compétitions européennes de la saison prochaine". 

L’Italie et l’Angleterre réfléchissent eux aussi à un arrêt de la saison

Cette stratégie de l’instance européenne constitue-t-elle une réelle menace, ou agit-elle surtout pour éviter une contagion au reste de l’Europe ? En Italie et en Angleterre, deux des plus prestigieux championnats au monde, la piste d’un arrêt pur et simple de la saison est également évoquée. Le président de Brescia (dernier de Serie A), ville lombarde située au cœur de l’épidémie de l’autre côté des Alpes, a même menacé de déclarer forfait pour tous les matches restant à disputer si la saison venait à reprendre. En Angleterre, la vice-présidente de West Ham, Karren Brady, a exprimé une idée identique dans le journal The Sun.

L’idée commence également à faire son chemin en France, où le président de Brest, Denis Le Saint, a été vendredi le premier à demander un arrêt de la saison. "De mon point de vue, c'est la fin. Ça s'arrête là. Le Championnat doit s'arrêter. La saison ne peut pas reprendre", a-t-il expliqué à L'Equipe.

Or, l’arrêt des compétitions domestiques pourrait avoir de grosses répercussions pour l’UEFA. Les diffuseurs de toute l'Europe sont en effet attentifs à la situation et certains, comme beIN Sports et Canal+ en France, ont déjà interrompu le versement des droits TV.  Surtout, si certains pays sifflaient la fin de la saison, il devient difficile d’imaginer la Ligue des champions aller à son terme. Et ce seraient alors les droits télé de la C1, produit phare de l'UEFA et sa poule aux œufs d'or, qu'il faudrait questionner.