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, édité par Guilhem Dedoyard , modifié à
Face à une situation financière difficile, les agriculteurs sont obligés de se diversifier. La pandémie de coronavirus a accéléré le processus. Et cette stratégie s'est révélée payante puisque des nettes hausses du chiffre d'affaires ont été enregistrées depuis un an. 

La semaine de l'Agriculture s'ouvre ce jeudi. Confrontés à une crise économique sans précédent, les agriculteurs montrent des trésors d’ingéniosité pour s’en sortir financièrement. Depuis un le monde agricole s'adapte face à la pandémie : il a du diversifier ses activités. Pour ceux qui se sont lancés, le bilan est plutôt positif. À la faveur du Covid, les Français ont redécouvert les fermes et les exploitations agricoles autour de chez eux. Economiquement parlant, le secteur en est sorti gagnant.

Un chiffre d'affaires en hausse

Un chiffre illustre très bien cette tendance : le nombre de drive agricoles. Ils fonctionnent sur le même principe que les supermarchés, mais à la ferme. Avant la crise, le réseau "Bienvenue à la ferme" comptait 45 drives. Aujourd'hui, il y en a 150 sur toute la France et leur chiffre d'affaires a été multiplié par 3,5 sur les 12 derniers mois !

La vente directe dans la boutique de la ferme a aussi très bien marché. 10 voire 15% de clients réguliers en plus ont été recensés, selon les Chambres d'agriculture. Et ce, alors même que le prix moyen du panier a été multiplié par deux. Cela signifie que l'achat à la ferme est devenu une source principale d'approvisionnement pour certains consommateurs. Preuve de cette nouvelle donne, les formations agricoles n'ont jamais eu autant de succès. Le nombre d'inscriptions en apprentissage agricole a augmenté de 25% cette année.

Une nécessaire diversification

Face à ce regain d'intérêt des consommateurs, certains agriculteurs diversifient leur offre et se tournent vers les services, avec un certain succès. C'est le cas par exemple de Régis Schtreii. Lui et sa femme sont éleveurs en Moselle. L'an dernier, leur ferme est devenue un point de retrait de colis volumineux. L'idée a été lancée par des agriculteurs il y a deux ans sous le nom d'Agrikolis. Cette nouvelle activité s'est envolée pendant le confinement : le couple a multiplié par deux ses revenus. "On est passé de 60-80 colis semaine à 160 colis semaine. Et au niveau du magasin, on a doublé notre chiffre d'affaires parce que les gens nous ont fait confiance et sont revenus vers les producteurs. Donc c'est malheureux à dire mais pour nous, le coronavirus c'était un plus", explique-t-il. Au niveau national Agrikolis est passé de 7.000 colis en 2019 à 20.000 cette année.

 

Mais cette diversification devenue nécessaire pour les agriculteurs soulève la question des bas revenus. Une donnée complètement intégrée par les nouvelles générations. Un agriculteur sur deux qui s'installe aujourd'hui a un projet de diversification. Pour Jean-Marie Lenfant, de la Chambre d'agriculture, il y a des points positifs. "L'avantage de la diversification, c'est que ça nous met nous, agriculteurs, producteurs, dans un mode projet, très positif, de réfléchir à travailler de nouvelles productions et à les commercialiser nous-même. Face à une certaine morosité du monde agricole, ça nous rapproche et ça nous permet d'avoir un échange avec les consommateurs. Soit ceux qui viennent à la ferme, soit sur les marchés. C'est le côté verre à moitié plein", juge-t-il.