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Ariel Guez , modifié à
Au micro d'Europe 1, Marie-Laure Denis, la ​présidente de la Commission nationale de l'informatique et des libertés​ (​Cnil), revient vendredi sur la possibilité de la mise en place d'une application à la sortie du confinement pour observer les mouvements de la population. Elle explique les conditions nécessaires garantissant la protection des données des Français.
INTERVIEW

Après quatre semaines de confinement, certains s'interrogent sur les pistes pour en sortir, tout en s'assurant que les précautions sont prises pour éviter une deuxième vague de l'épidémie de coronavirus. Si la pénurie de masques de protections et la faible réalisation des tests est au cœur des débats, l'idée d'une application téléphonique qui permettrait de localiser les malades atteints du Covid-19 et analyser les déplacements de population commence à s'installer dans le débat public.

Le refus est une "garantie indispensable"

Invitée de la matinale d'Europe 1, Marie-Laure Denis, la ​présidente de la Commission nationale de l'informatique et des libertés​ (​Cnil), a expliqué que l'institution n'avait pas encore été saisie de ce projet "parce que le gouvernement et les pouvoirs publics sont au stade de la réflexion", explique-t-elle. "Mais nous sommes dans l'accompagnement. Notamment du secteur de la recherche, notamment pour s'assurer que les solutions qui seraient mises en œuvre seraient les plus protectrices de la vie privée". 

Interrogée sur les conditions d'une telle application, la présidente de la Cnil affirme qu'il faut "pouvoir refuser". "C'est une garantie indispensable pour les Français : qu'ils ne soient pas contraints de télécharger cette application. Cela veut dire qu'il ne faut pas qu'il y ait de conséquences au refus (...). À droit constant, le volontariat est une ligne rouge", affirme-t-elle. Marie-Laure Denis explique donc qu'il faut savoir "quelle est la finalité de cette application". "Est-ce pour vous informer ou contrôler si vous êtes biens confinés ?", s'interroge-t-elle. 

Une date de péremption au dispositif ?

"L'autre ligne rouge est le caractère provisoire de l'application", poursuit Marie-Laure Denis, qui demande dès le lancement du dispositif sa date de péremption. "L'application ne doit pas perdurer au-delà de la période qui est nécessaire pour lutter contre l'épidémie", justifie-t-elle. "Il faudrait supprimer l'ensemble des données qui ont été collectées dès que la situation sanitaire le permettrait". 

"Il ne faut pas tout attendre d'une application de ce type"

Autre demande liée à la protection des données : la patronne de la Cnil explique qu'il faut que le dispositif soit anonymisé. "Très concrètement, quand on télécharge l'application, elle génère un identifiant. Personne ne saura que c'est vous qui recevrez un message sur votre téléphone. Il n'y a pas de données nominatives. C'est une condition importante", explique-t-elle. 

Marie-Laure Denis, qui semble plus favorable à une solution qui utiliserait la technologie Bluetooth qu'à une géolocalisation en continu, rappelle néanmoins "qu'il ne faut pas tout attendre d'une application de ce type". "Il ne faut pas oublier que les gestes barrières, les masques de protection et les tests sont aussi importants".