TÉMOIGNAGE - Violences, intimidations, menaces… Ces arbitres amateurs prêts à rendre short et sifflet
Les arbitres amateurs font face à une montée inquiétante des violences sur les terrains de football. Menaces, agressions physiques, pressions psychologiques… Certains se demandent s'ils doivent continuer à arbitrer. Témoignage de Rachid, arbitre toulousain, qui a vécu une violente agression en plein match et craint désormais pour sa sécurité.
Une semaine après l'agression au couteau durant un match de foot en Seine-et-Marne, une question se pose : comment les arbitres vivent-ils cette montée de l'ultra-violence sur les terrains ? Manque de sécurité, augmentation des agressions, menaces en tout genre... Nos 26.000 arbitres amateurs sont de plus en plus nombreux à se demander s'il faut continuer à exercer. C'est le cas de cet arbitre toulousain rencontré par Europe 1.
"Je t’attends à la sortie" : frappé en plein match
En 22 ans d'arbitrage, Rachid a clairement vu le climat se dégrader, notamment depuis quelques mois et l'agression qu'il a subie. Un entraîneur l'a frappé en plein match. "Il me dit qu'il y a hors-jeu, je dis non et il me frappe violemment. Il m'a dit : 'je t'attends à la sortie'", raconte-t-il au micro d'Europe 1.
Rachid se réfugie donc dans son vestiaire. "J'étais en sécurité, il frappait la porte, il voulait rentrer vraiment pour me casser la gueule. Et moi, j'ai appelé la gendarmerie et ils m'ont escorté jusqu'à ma voiture", se souvient-il.
"Est-ce que je vais rentrer chez moi vivant ?" : la peur omniprésente
Une situation qui met en lumière les pressions exercées par les entraîneurs. Il y a aussi les menaces des parents au bord du terrain lors des matches de jeunes. "Il y en a qui me disent : 'on a ton adresse, tu vas voir, on va te tuer !'". Sans oublier ces matches bourbiers entre joueurs issus des quartiers sensibles. "Dans les cités, pendant le ramadan, c'est là que c'est le pire parce que les gens qui ne mangent pas sont plus excités. Je me dis 'est-ce que je vais rentrer chez moi vivant ?'", lance-t-il.
Fort de ce climat incandescent, la Fédération française de football envisage d'équiper les arbitres de caméras pendant les matchs. L'unique solution, selon Rachid. "Au moins, on a une preuve parce qu'on est toujours seul. Il n'y a pas de sécurité", soutient-il. Des caméras testées dans une vingtaine de départements l'an prochain, Rachid espère que ce sera le cas ici, sans quoi il rangera définitivement son sifflet.