Tags, saccages, faux sang… un an d'actions anti-boucheries en France

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Les boucheries sont la cible d'attaques de différents types depuis plus d'un an (photo d'illustration). © AFP
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avec AFP
Reçus par le ministère de l'Intérieur mardi, les bouchers-charcutiers disent espérer un coup d'arrêt à "l'impunité" après les actions de groupuscules vegans qui les visent depuis des mois.

 

"Faire en sorte que les artisans puissent faire leur métier". C'est ce qu'ont réclamé les représentants de la Confédération française de la boucherie-charcuterie et traiteurs (CFBCT), reçus au ministère de l'Intérieur, mardi. Depuis environ un an, et particulièrement ces derniers mois, leurs commerces sont visés par des attaques aux modes opératoires divers, menées par des militants vegan. Plus précisément, les auteurs se revendiquent de mouvements "antispécistes", c'est-à-dire opposés à toute hiérarchie entre espèces, notamment entre l'être humain et les animaux. Tags, saccages, faux sang… Leurs actions, violentes ou non, se multiplient. Entre mai 2017 et 2018, Le Figaro en a recensé une centaine. Sans donner de date, Jean-François Guihard, président de la CFBCT, dénombre lui une cinquantaine de dégradations matérielles, comme des bris de glace ou des inscriptions sur les vitrines.

Une "journée du sang versé". Les premiers cas de la "vague" remontent au printemps 2017. Devant plusieurs boucheries de Charente, du faux sang - de l'eau mélangée à de la poudre rouge - est déversé, parfois sur plusieurs dizaines de mètres. Le colorant est tenace et nécessite l'intervention des équipes de nettoyage municipales. Devant les commerces, l'action n'est accompagnée d'aucun message de revendication. Mais sur les réseaux sociaux, l'association 269 Libération animale appelle à une première "journée du sang versé", le 8 avril. "Chacun d'entre vous est invité à passer devant une boucherie pour y verser du faux sang (1 ou 2 litres) par terre", écrit sur Facebook l'organisation vegan, qui tire son nom du matricule d'un veau sauvé de l'abattoir. En mai, les locaux de l'institut national de recherches agronomiques (INRA) de Castanet-Tolosan, en Haute-Garonne, subissent le même sort.

Le procédé n'est pas nouveau : il a déjà été utilisé ponctuellement lors d'opérations de collectifs opposés à l'abattage. En 2003, l'association "Le sang des bêtes" a par exemple déversé des litres de liquide rouge devant une boucherie de Lyon, pour dénoncer le "massacre de milliards d'animaux et de poissons pour les assiettes des Français". 

"Une phase de bris de vitres, de saccages". Mais après l'été 2017, le mouvement perdure et s'étend dans plusieurs régions, à intervalles plus ou moins réguliers. "On est passé d'une phase (...) de tags ou de versement de faux sang, à une phase de bris de vitres, de saccages de vitrine de magasin et ça c'est tout simplement inadmissible", analysera Jean-François Guihard. Fin mars 2018, c'est dans ce contexte qu'une militante vegan est condamnée à sept mois de prison avec sursis pour "apologie du terrorisme" après avoir publié  sur les réseaux sociaux un message injurieux vis-à-vis du boucher tué dans l'attaque terroriste de Trèbes.

En avril, une boucherie et une poissonnerie sont vandalisées dans les Hauts-de-France, leurs vitrines brisées et les façades taguées de l'inscription : "stop au spécisme". La maire de Lille, Martine Aubry, annonce que la mairie va se constituer partie civile. Des actions sont aussi menées en région Occitanie notamment. "Face à cette escalade de la violence, quelle sera la prochaine étape ?", interrogent les bouchers dans une lettre adressée à Gérard Collomb, le 22 juin. Réclamant la protection de la police, les artisans dénoncent des comportements "extrémistes".

Le dernier épisode en date remonte à… lundi, lorsqu'un boucher de Jouy-en-Josas trouve son commerce caillassé et tagué. Qui sont les organisations derrière ces actes ? Contactées par l'AFP, les associations 269 Libération animale et L214, à l'origine de la diffusion de plusieurs vidéos "choc" filmées dans les abattoirs, nient toute implication dans les dégradations. Mardi, les conseillers du ministère de l'Intérieur se sont engagés à ce que le préfectures incitent les polices et gendarmeries locales à la vigilance.