Suspension de l'AstraZeneca : "On a perdu deux jours de vaccination"

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Ugo Pascolo
Philippe Juvin, chef des urgences à l'hôpital parisien Georges-Pompidou, a déploré au micro d'Europe Soir que la suspension éclair des injections du vaccin AstraZeneca aie fait prendre deux jours de retard à la campagne vaccinale française. Il dénonce une décision politique prise par les autorités françaises.
INTERVIEW

Une confiance entachée et une perte de temps. Après 48 heures de flottement, l'Agence européenne du médicament (EMA) a réaffirmé jeudi que le vaccin contre le coronavirus mis au point par AstraZeneca est "sûr et efficace". La suspension des injections de ce produit sur le sol français n'aura donc duré que deux jours et reprendra vendredi après-midi. Mais "on a perdu deux jours de vaccination" déplore au micro d'Europe Soir Philippe Juvin, chef des urgences à l'hôpital parisien Georges-Pompidou et maire LR de La Garenne-Colombes. 

Un vaccin qui a permis d'éviter des morts

Certes, "c'est un vaccin qui, comme tous les médicaments à des effets secondaires", concède le soignant. Mais "sur les 20 millions de personnes qui ont reçu l'AstraZeneca, on a recensé 25 cas de thromboses [caillots sanguins, ndlr], dont certains graves". Pour Philippe Juvin, la véritable question derrière d'éventuels risques liés à ce vaccin est donc "le nombre de morts que l'on aurait eu si on n'avait pas vacciné ces 20 millions de personnes". 

Ainsi, en prenant l'exemple de la Belgique qui n'a jamais cessé les injections, le chef des urgences à l'hôpital parisien Georges-Pompidou estime que la suspension française "a été une décision politique, mue par la décision similaire prise par l'Allemagne", quelques minutes auparavant. "Les autorités françaises n'ont pas voulu prendre de risque politique", résume-t-il. 

"La balance bénéfice-risque est très en faveur de l'AstraZeneca"

Reste que cette suspension éclair "a probablement augmenté une défiance non justifiée envers l'AstraZeneca". Et Philippe Juvin n'a pas tort, puisque selon un sondage Elabe pour BFMTV publié mardi 16 mars, seulement 20% des Français se disent confiant vis-à-vis du vaccin suédo-britannique. Alors le spécialiste profite de son passage à l'antenne pour marteler que "la balance bénéfice-risque est très en faveur de l'AstraZeneca". "Il y a beaucoup plus de risques à ne pas se faire vacciner qu'à se faire vacciner avec ce vaccin." 

Et pour convaincre les Français de la nécessité de cette injection, le Premier ministre Jean Castex a annoncé lors de sa conférence de presse sanitaire qu'il se ferait vacciner dès vendredi.