À Colmar, certains noms de rue sont également doublés en allemand. 1:31
  • Copié
Tatiana Geiselmann (correspondante à Colmar) / Crédits photo : BRINGARD DENIS / HEMIS.FR / HEMIS.FR / HEMIS VIA AFP
À Colmar, la municipalité a décidé de doubler une partie des noms de rue de leur traduction allemande. Une double dénomination qui réveille chez certains le traumatisme de la germanisation forcée, sous l'occupation nazie. Ils demandent à ce que la mairie remplace les panneaux en allemand par de l'alsacien.

C'est une polémique qui commence à gronder en Alsace. À Colmar, la route de Bâle porte également le nom de "Bassler Straße". Et la rue de la Vinaigrerie s'appelle aussi "Essigfabrikstraße", en application d'une décision de la municipalité visant à doubler une partie des noms de rue de leur traduction allemande. 

Pour Jean-Marie Schmitt, vice-président de la Société d'histoire et d'archéologie d'Alsace, l'initiative est très mal venue. "On n'a jamais donné de nom allemand à des rues à Colmar, sauf évidemment du temps nazi, en dernier lieu. Donc, chez beaucoup d'anciens, ça réveille un traumatisme". 

Promouvoir la langue de Goethe

Traduire en alsacien comme à Strasbourg et Mulhouse aurait été mieux perçu. Selon Jean-Marie Schmitt, les 30 noms de rue, traduits en allemand, n'ont pas de fondement historique. "On rebaptise la rue de Paris "Pariser Straße" alors que ça n'existait pas lorsque Colmar avait des noms de rue allemands". 

Mais pour la municipalité, l'objectif n'est pas historique. Il s'agit plutôt de promouvoir la langue de Goethe que peu de jeunes apprennent alors qu'ils vivent à seulement 15km de la frontière franco-allemande. Chez les Colmariens, les avis sont partagés. "C'est une bonne nouvelle, il faut développer la langue allemande. Si on veut aller travailler en Allemagne ou en Suisse, c'est l'allemand qui prime", soutient cette habitante.

"Il faut inciter autrement. Ce n'est pas en écrivant le nom des rues en allemand qu'on apprendra l'allemand", rétorque un autre interrogé. Cette initiative permet tout de même aux jeunes d'apprendre que "Pariser", en allemand, veut aussi bien dire "parisien" que "préservatif".