REPORTAGE - À Mourenx, un garage solidaire pour aider les travailleurs précaires

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© Carole Ferry pour Europe 1
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Carole Ferry, édité par Romain David , modifié à
EN DIRECT DE MOURENX, JOUR 3 - Europe 1 s'est installée cette semaine à Mourenx dans les Pyrénées-Atlantiques, où le taux de chômage atteint 22%. Pour nombre de personnes sans emploi, le manque de transports en commun est un facteur d'éloignement supplémentaire de l'emploi, contre lequel tente de lutter un service solidaire de location de voitures.  

>> Toute la semaine, les reporters d'Europe 1 posent leurs valises à Mourenx, une commune de 7.000 habitants située dans les Pyrénées-Atlantiques. Le but ? Vous donner la parole et entendre vos problématiques quotidiennes. Retrouvez nos reporters en direct de Mourenx tous les jours à 7h12, dans les journaux de la matinale ainsi que ceux de Raphaëlle Duchemin et Pierre de Vilno entre 12h et 14h et de Matthieu Belliard de 17h et 20h.

À Mourenx, le "garage solidaire" a peu à peu occupé l’espace laissé libre par les services publics sur l’aide aux personnes éloignées de l’emploi. Traversée par une nationale et une départementale, la ville ne dispose pas de service de transports en commun, et la première gare se situe à six kilomètres. Pour pallier ce manque, la solidarité locale a permis de restaurer un parc de voitures, mis à la disposition des plus pauvres, pour honorer, par exemple, un contrat court d'intérim ou un rendez-vous d’embauche.

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"Sans véhicule, ici la vie s'arrête"

Dans ce garage solidaire, les habitants au RSA ou aux faibles revenus peuvent louer un véhicule pour seulement 2,50 euros la journée, et ainsi aller travailler ou chercher un emploi. Ce service de location un peu particulier a sauvé Nathaël quand sa voiture est tombée en panne, alors qu’il venait juste de décrocher un boulot après plusieurs mois de chômage. "Je n'avais pas les moyens de payer les réparations parce que c'était hyper grave. C'est une voiture qui est partie à l'épave. Je ne savais pas quoi faire et puis j'ai rencontré ce garage : deux jours après j'ai pu avoir un véhicule et reprendre mon boulot", raconte-t-il à Europe 1.

Et c'était là la seule solution pour lui. "J'ai plusieurs kilomètres à faire chaque jour, dans plusieurs villages sur la même journée. Un covoiturage c'est impossible…", relève-t-il. "La garage solidaire a fait que j'ai pu continuer à travailler, autrement j'aurai perdu mon travail. Sans véhicule, ici la vie s'arrête."

Une auto pour un boulot

L’Etat finance en grande partie le salaire des trois employés, dont un garagiste pour entretenir la flotte. Le département finance également le coût de la location. Pour ce qui est des véhicules, ils proviennent de dons d’entreprises ou de particuliers. Le garage en possède vingt aujourd’hui, mais cela ne suffit pas toujours à répondre à toutes les demandes. "On a déjà dû dire non à des personnes parce que tous nos véhicules étaient occupés", explique Sonia qui gère le garage.

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Le garage solidaire emploie trois personnes, rémunérées en partie par les pouvoirs publics. ©Carole Ferry pour Europe 1

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Une flotte d'une vingtaine de véhicules a été constituée grâce à des dons. ©Carole Ferry pour Europe 1

Sa clientèle se constitue essentiellement "de gens qui ne peuvent pas aller sur une mission, répondre à un hypothétique employeur ou rentrer en formation". Le garage compte aussi beaucoup sur la générosité des riverains. "On a beaucoup de dons d'essence. On prend ce que l'on nous donne, si les gens veulent nous donner des véhicules neufs ou électriques, il n'y a pas de souci", plaisante Sonia. "Les gens ne nous donnent que ce qu'ils peuvent nous donner."

Et si l’association reçoit suffisamment de dons, elle aimerait également vendre des voitures, très peu chères, pour offrir une véritable autonomie aux bénéficiaires.

 

 

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