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Ugo Pascolo , modifié à
Invité de l'édition spéciale d'Europe 1 à la suite de l'annonce d'un nouveau confinement, l'épidémiologiste Martin Blachier s'est dit "surpris" par la façon dont sont prises les décisions par l'exécutif. Le spécialiste se demande si le président a vraiment pesé le pour et le contre d'un confinement total, face à l'éventualité de protéger uniquement les populations vulnérables.
INTERVIEW

"Après avoir pesé le pour et le contre, j'ai décidé qu'il fallait retrouver à partir de vendredi le confinement qui a stoppé le virus." Voilà comment Emmanuel Macron a annoncé le reconfinement de l'Hexagone, mercredi soir lors de son allocution télévisée. Une formulation qui a fait tiquer Martin Blachier. Invité de l'édition spéciale d'Europe Soir après les annonces présidentielles, le spécialiste en santé publique et épidémiologiste a été "surpris par la manière dont sont prises les décisions".

"Ce n'est pas comme ça que l'on prend des décisions"

Partisan d'un reconfinement ciblé uniquement sur les populations vulnérables, Martin Blachier avance que le chef de l'État n'a pas eu une "manière très honnête de présenter les choses". "Emmanuel Macron a utilisé un argument qui est de dire qu'il y aurait quelques patients jeunes qui seraient également atteints de formes sévères, mais les patients de moins de 35 ans sans comorbidité en réanimation, c'est exceptionnel. C'est comme si on n'était pas en train de faire des arbitrages sur les chiffres [...] ce n'est pas comme ça que l'on prend des décisions. Il faut donner des chiffres !"

"Est-ce que le gouvernement a quantifié la différence entre un reconfinement total et un confinement des populations vulnérables", se demande Martin Blachier. Si le Premier ministre Jean Castex "annonce lors de sa conférence de presse, jeudi, que la différence entre les deux scénarios est de cinq jeunes en réanimation, toute la question est de savoir si ce delta justifie un tel tour de vis".

Un point positif : les visites en Ehpad

Mais Martin Blachier trouve tout de même un point positif dans l'allocution présidentielle : les visites autorisées dans les Ehpad. "Il est totalement dans la bonne réflexion, il pèse le pour et le contre de fermer les Ehpad", estime l'épidémiologiste. "Il se dit que c'est tellement dramatique d'empêcher les gens de voir leurs proches dans les derniers mois de leur vie que ça ne vaut pas le coût d'éviter quelques infections pour ça."