«Plus à cheval sur les lois de ma religion» : ces jeunes musulmans qui placent l’Islam au-dessus de la République
Une étude publiée par l'Ifop mardi révèle que seul un musulman sur deux (49%) mettrait aujourd'hui les lois de la République au-dessus de celles de l'Islam. Une évolution qui choque certains musulmans plus âgés, illustration dans certains cas d'une fracture générationnelle.
C'est un rapport choc qu'a publié l'Ifop mardi. Une étude sur les musulmans de France, montrant que les plus jeunes ont un rapport beaucoup plus étroit à leur religion, que leur pratique est plus intense et qu'ils sont plus sensibles aux courants radicaux. Seul un musulman sur deux (49%) mettrait les lois de la République au-dessus de celles de l'Islam.
À Lyon, Asma, une étudiante de 18 ans, ne sort jamais sans son voile noir, qui lui couvre la tête et les épaules. "Je me suis voilée vers 12 ans. C'est vraiment un choix, quelque chose qui me permet d'être plus libre, d'être moi-même. Ma religion, c'est un pilier dans ma vie", témoigne la jeune fille. Aujourd'hui, 50% des musulmanes portent le voile en France. C'est trois fois plus qu'il y a 20 ans.
Une fracture générationnelle
La fréquentation des mosquées aussi a explosé chez les plus jeunes : Rayan, 17 ans, s'y rend très souvent. "Je prie avec mon père. On va à la mosquée ensemble tous les jours. Et surtout le plus important, c'est le vendredi, "jumu'ah", la prière collective", indique-t-il. Illustration que la religion est devenue la priorité de beaucoup de jeunes musulmans.
"Je me tiens vraiment à carreau sur les lois de la religion. Ce sont les lois les plus importantes pour moi. Certes, il y a des lois de la République française qui sont essentielles. Mais je pense que je serai plus à cheval sur les lois de ma religion", confie, de son côté, Ana.
Une évolution qui choque certains musulmans plus âgés comme Fatima, 47 ans. "C'est vrai que je vois beaucoup de jeunes filles voilées maintenant. Cela me peine énormément. Parce que le voile pour moi, ça signifie la soumission. Et je trouve ça dommage que dans un pays où il y a des libertés, dans le pays des droits de l'Homme, qu'une femme porte le voile aujourd'hui", regrette cette dernière, ajoutant que "pour beaucoup de jeunes musulmans aujourd'hui, la religion passe avant tout. Et avant la République évidemment. Je trouve ça triste." Un exemple qui traduit une fracture générationnelle.