«Personne n'est à l'abri» : sur Internet, la délicate lutte contre les escroqueries
Le gouvernement doit présenter ce mercredi un projet de loi destiné à lutter contre les arnaques en ligne. Parmi les mesures phares, un filtre anti-arnaque alertant les internautes d'un potentiel site frauduleux. Mais les pirates sont de plus en plus difficiles à cerner, usant de techniques de plus en plus sophistiquées.
Recevoir un SMS indiquant la livraison d'un colis jamais commandé est devenu presque habituel dans notre quotidien. Au même titre que ces fameuses démarches à entreprendre pour renouveler une carte vitale parfaitement valide. C'est ce qui est arrivé à Kelly, qui dirige son entreprise près de Lyon. "En cliquant sur le lien, je me suis retrouvé sur une identique copie du site de la Sécurité sociale où j'ai renseigné toutes mes informations pour me connecter avec France Connect. Et à ce moment-là, ils me disent que pour recevoir ma carte à la maison, il faut mettre mon empreinte de carte bancaire pour les frais de port. Donc on se dit que c'est logique", raconte-t-elle.
Le piège est en deux temps. Un pirate informatique appelle Kelly et dès le lendemain, il se fait passer pour sa banquière. Elle l'informe que des transactions inhabituelles ont été détectées. "On nous annonce qu'on s'est fait arnaquer sur Internet, qu'on a pris l'empreinte de notre carte bleue pour faire des achats et qu'elle n'est là uniquement pour nous aider à arrêter ses achats et à faire opposition à notre carte", détaille-t-elle. En quelques opérations, les pirates parviennent à soutirer 1.500 euros à Kelly.
Collecte de données personnelles et bancaires
Ces arnaques , particulièrement répandues par SMS ou par mail, ont pour objectif de collecter les données personnelles et bancaires des personnes ciblées. Pour y faire face, le gouvernement présentera ce mercredi un projet de loi destiné à lutter contre ces escroqueries en ligne.
Un objectif ambitieux tant les pirates sont devenus difficiles à cerner. "Ça s'est beaucoup professionnalisé. Maintenant, on vous redirige vers des sites qui ressemblent à des vrais sites. Personne n'est à l'abri de se faire avoir, même si vous êtes conscient de ce genre d'arnaque", assure Cyril Brosset, spécialiste des nouvelles technologies à l’UFC-Que choisir. Selon lui, il suffit d'attendre "un remboursement" ou une "livraison de colis" pour tomber dans le piège. "Un petit manque de réflexion et on peut rapidement cliquer et rentrer ses coordonnées", indique-t-il.
Les escrocs "ont sans cesse de nouvelles techniques pour arnaquer les gens"
De quoi laisser penser que la solution miracle a tout d'une chimère. "Le filtre absolu qui bloquera toutes les arnaques, c'est certain qu'il n'existera jamais je pense parce que les escrocs ont montré qu'ils avaient beaucoup d'imagination, qu'ils avaient toujours une longueur d'avance. Ils ont sans cesse de nouvelles techniques pour arnaquer les gens", développe Cyril Brosset.
"On travaille comme des malades mon mari et moi. 1.500 euros ça aurait pu faire des vacances ou n'importe quoi d'autre pour mes enfants", rappelle Kelly. La mère de famille a porté plainte et tente aujourd'hui de se faire rembourser. Mais sa banque refuse, la jeune femme ayant accepté de son propre chef l'accès à ses comptes.
Et si le filtre imaginé par le gouvernement venait à se révéler efficace, "ils trouveront certainement autre chose", ajoute-t-il. Et de conclure en prodiguant le seul conseil à appliquer pour écarter tout déboire. "La chose essentielle à savoir, c'est que ce type d'arnaque existe. Il faut donc être très prudent dès que l'on va sur Internet ou que l'on reçoit un message".