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Séverine Mermilliod
Si des mesures ont été annoncées pour faciliter les visites aux personnes en fin de vie, par exemple en Ehpad, d'autres personnes souffrent de la solitude : les personnes âgées isolées. Jérôme Guedj, missionné par le ministre de la Santé sur cette question de l’isolement, était l'invité de #RadioOuverte sur Europe 1.

Le président de la République veut faciliter les visites aux personnes en fin de vie, y compris en Ehpad. Mais les résidents de ces établissements ne sont pas les seuls à souffrir de la solitude. Jérôme Guedj, conseiller départemental d’opposition, missionné par le ministre de la Santé sur la question de l’isolement des personnes âgées pendant le confinement, et auteur de “Plaidoyer pour les vieux", a essayé de répondre aux inquiétudes des auditeurs d'Europe 1, mercredi matin.

"Un dilemme terrible"

"Ce qui m'inquiète, c'est qu'on parle des Ehpad mais qu'on parle rarement des personnes qui sont toutes seules", confie ainsi Yvonne, habitante des Côtes d'Armor. Sa voisine, autonome par ailleurs, a eu une panne de chaudière et s'est retrouvée totalement démunie. La mairie, les dépanneurs, personne n'a répondu. "Et il y en a combien ? Combien va-t-on en retrouver qui n'ont pas mangé, qui sont tombés du lit ?", insiste Yvonne.

Les résident d'Ehpad ne sont en effet pas les seuls à ressentir de la solitude. Des milliers de personnes sont isolées. "On est inquiets de ce que le covid peut provoquer à domicile chez les personnes âgées", confirme Jérôme Guedj. "L’isolement préexistait au coronavirus. Il a été amplifié, surligné" par le confinement.

"On est dans un dilemme terrible", dit-il, car si l'on sait que les personnes âgées sont les premières victimes de l'épidémie, "il y a ce déchirement de se dire que ces mesures de protection drastiques dans les Ehpad comme à domicile vont avoir des conséquences humaines, personnelles, terribles." Il faut faire en sorte que "les mesures de protection ne se traduisent pas par le "syndrome de glissement", des personnes qui vont déprimer, moins s’alimenter et donc mettre en danger leur propre vie.

"Une de mes petites filles se marie le 11 juillet et vraisemblablement je ne pourrai pas y aller, et cela me déchire", confie de son côté Michelle, 78 ans. "Mais je ne suis pas la seule dans ce cas. Toutes les personnes que je connais qui sont en bonne santé malgré leur âge et habituées à vivre leur petite vie, me parlent de suicide. Il y aura des vagues de suicides ! Moi, je suis désespérée. Je n'attendrai pas", dit-elle encore.

Si Jérôme Guedj reconnaît que, dans certains moments comme les mariages ou les obsèques, "le contact physique est indispensable", il rappelle que ces personnes se mettent en danger si elles sortent.

Les gestes solidaires "aussi importants que les gestes barrière"

D’où l’importance d'essayer, au maximum, de maintenir les liens. "Il faut téléphoner régulièrement aux personnes âgées", rappelle celui qui se dit "traumatisé" par ce qui s’est passé en 2003 au moment de la canicule. "On a besoin de ses voisins, de ses proches, de ces gestes solidaires qui, dans la situation actuelle, sont aussi importants que les gestes barrières. Cela peut paraître naïf mais pour éviter des situations où l'on retrouverait des personnes âgées dévastées après le covid, il y a besoin de cette solidarité de proximité."

Le conseiller départemental insiste sur un autre point essentiel à ses yeux : que ces personnes "continuent de se soigner, contactent leur médecin", notamment par téléconsulation par téléphone. "Des personnes âgées renoncent à des soins et cela pourrait avoir des conséquences désastreuses une fois que nous serons sortis de cette période de confinement."

Un numéro d'appel porté par la croix rouge, 0970283000, permet en outre aux personnes isolées qui ont besoin d'appeler, d'obtenir un soutien, d'une aide pour faire les courses, etc.