Un tiers des vingt plus grosses villes de France sont désormais dirigées par des femmes. 4:21
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Simon Ruben et Romain David
À l'issue du second tour des municipales, cinq des dix plus grandes villes françaises se retrouvent pilotées par des femmes. Pour autant, dans les communes plus modestes, et notamment les petits villages, la parité peine encore à s'imposer et les têtes de listes restent souvent exclusivement masculines.
DÉCRYPTAGE

C'est l'un des enseignements du second tour du scrutin municipal un peu passé sous les radars. Outre la percée des verts, le nombre de femmes élues dimanche dernier est en forte augmentation par rapport à 2014. On atteint même la parité dans les dix plus grandes villes françaises, puisque cinq seront dirigées par des femmes : Paris, Marseille, Nantes, Strasbourg et Lille. Au total : un tiers des maires des vingt plus grosses villes de France sont désormais des femmes, du jamais vu.

"Dans les très grandes villes, si on regarde les femmes élues ou tête de liste, on se rend compte que ce sont des femmes expérimentées, qui appartiennent à des partis généralement écologistes ou socialistes. Du coté des Républicains, il est plus compliqué de trouver des femmes", observe auprès d’Europe 1 Reine Lépinay, co-présidente de "Elles aussi", une association qui milite pour la place des femmes dans la vie publique, et membre du Haut conseil à l’égalité.

Une féminisation qui peine encore à s'imposer dans les toutes petites communes

Si ce vent de féminisation est encourageant, la très grande majorité des maires reste des hommes. Mais la progression s’observe également dans les toutes petites communes. Ainsi, à Sabaillan dans le Gers, Sandie Magnoac est devenue dimanche la première maire de l’histoire de ce village de 150 habitants. "Au plus loin que l’on puisse remonter sur le tableau d’affichage de la mairie, il n’y a jamais eu de maire femme depuis 1792 !", pointe-t-elle. "Faire confiance à une femme dans un milieu rural très masculin, je trouve que c’est un bon changement de mentalité."

Mais, bien souvent, les habitudes continuent d’avoir la vie dure. "Pour les toutes petites communes, d’une centaine d’habitants, là où il y a sept sièges à pourvoir, on se rend compte qu’il est encore très difficile pour les femmes de prendre les têtes de listes", nuance Reine Lépinay, qui milite pour qu'un scrutin paritaire soit systématiquement mis en place dans les communes françaises, cette obligation n’étant faite pour l’heure qu’aux seules communes de plus de 1.000 habitants.

Les communautés d'agglomération, encore largement aux mains des hommes

Globalement, à l’échelon local, le chemin reste long avant d’atteindre la parité. Ainsi, très peu de femmes sont à la tête des communautés d’agglomération, remarque Anne Vignot, la nouvelle maire de Besançon. "C’est le maire qui représente sa commune à l’intercommunalité, ce qui fait que, mécaniquement, vous vous retrouvez avec une très grande majorité d’hommes. Il arrive qu’un maire nomme une adjointe pour qu’elle soit la représentante de la commune à l’agglomération, mais c’est exceptionnel", observe-t-elle.

"Il y a un travail à faire au niveau des mentalités", insiste Reine Lépinay. "Il faut sensibiliser, d’abord les femmes pour les pousser à s’engager, et puis les hommes pour qu’ils acceptent cet engagement", conclut-elle.