Le syndrome de la cabane s'apparente à la peur de sortir de son enfermement et de se confronter à nouveau au monde. 1:25
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Victor Dhollande & Anne Le Gall, édité par Justine Hagard , modifié à
C'est le grand jour ce mercredi, avec la réouverture des commerces, des lieux de culture et des terrasses de restaurants. Si c'est un soulagement pour des millions de Français, pour d'autres, c'est une source d'angoisse. Ces personnes préfèrent donc conserver leurs habitudes adoptées pendant le confinement, car elles ont peur du virus ou d’un nouveau rebond épidémique.

Une bonne nouvelle pour tout le monde : les restaurants, commerces-non essentiels, lieux culturels rouvrent ce mercredi. Pour tout le monde pas vraiment... "Retourner en terrasse pour boire un café, ça veut dire réinfection, donc je préfère le boire sur ma terrasse, en toute sécurité." Mathieu a contracté le Covid-19 il y a sept mois. Après trois semaines d’intense fatigue, il a été hospitalisé pour une détresse respiratoire aigüe. Pour cet homme de 42 ans, cela a été une immense frayeur, et les séquelles sont encore bien présentes. Alors comme il n’est pas encore vacciné, il craint d’attraper une deuxième fois la maladie. "J'ai failli mourir, j'ai failli perdre ma famille, forcément que j'ai peur...", raconte-t-il. 

Mathieu est pourtant persuadé que les professionnels feront respecter le protocole sanitaire. Ce qu'il redoute davantage, c'est le relâchement des Français. Un sentiment partagé par Yäel, cadre dans une entreprise parisienne. Pour cette jeune femme, ce sera un café en terrasse, éventuellement, mais rien de plus. "Je ne suis pas encore à l'aise d'aller à des concerts par exemple, ce n'est pas de ça dont j'ai envie. Je ne voudrais pas participer à une quatrième vague. Là, on en est pas à se retrouver tous ensemble en mode 14-Juillet", explique-t-elle.

"Il faut y aller progressivement"

Les spécialistes appellent cela le syndrome de la cabane. C'est la peur de sortir de son enfermement et de se confronter à nouveau au monde. Une peur tout fait à compréhensible, selon le docteur Christophe Debien, psychiatre au CHU de Lille. "Nos capacités d'adaptation ont été franchement mises à rude épreuve depuis plus d'un an, entre confinement, déconfinement, semi-déconfinement et reconfinement. On a dû s'adapter dans notre vie quotidienne, professionnelle et familiale", précise-t-il.

"Donc avoir une réticence à s'adapter à un énorme changement - puisque là, d'un seul coup, on retrouve une vie quasi-classique -, c'est normal", ajoute le psychiatre. "Ça va demander un peu de temps. Il faut y aller progressivement, respecter les limites de chacun et accompagner ceux qui ont du mal. Peut-être qu'on va aller à la terrasse de café à l'angle et pas au centre-ville. Il faut franchir les étapes ensemble surtout, car ce qui est important, c'est d'être ensemble."

Pour ces Français qui ne voient pas d’un très bon œil ce déconfinement, le seul sésame pour se relâcher un peu et se rassurer aussi, ce sera la vaccination.