Emmanuel Macron est revenu pour la première fois sur l'affaire Sarah Halimi. 2:39
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Lucie de Perthuis , modifié à
Emmanuel Macron est en déplacement en Israël pour célébrer les 75 ans de la libération des camps d'Auschwitz. Jeudi, lors d'une commémoration dédiée aux victimes françaises de la Shoah, le président s'est exprimé sur l'antisémitisme présent dans le pays. La Shoah ne peut être utilisée pour "justifier" la "division" ou la "haine", a-t-il également déclaré. 
REPORTAGE

Après une séquence politique filmée dans la vieille ville de Jérusalem mercredi, Emmanuel Macron s'est rendu jeudi à différentes commémorations, dans le cadre des 75 ans de la libération des camps d'Auschwitz. Une cérémonie était dédiée aux victimes françaises de la Shoah. C'est au milieu d'une forêt de 80.000 arbres, comme les 80.000 noms inscrits des juifs de France inscrits sur le mur du mémorial, que le président a d'abord pris la parole, et rappelé son combat et son engagement contre l'antisémitisme.

La cérémonie a débuté par le chant des déportés, joué sur un violon ayant appartenu à un déporté. Ensuite, la lecture d'un échange de lettre entre un père déporté et sa fille.  Après cette cérémonie, Emmanuel Macron a discuté avec des jeune d'une lycée de Saint-Ouen, présents dans le cadre d'un projet scolaire lié à la Shoah. Ils ont pu échanger sur la mémoire de la Shoah. Les jeunes affirment au président qu'avant les cours d'histoire au lycée, ils ne connaissant pas l'histoire de la Shoah. "C'était compliqué", explique un jeune au président, sans réussir à en dire plus. 

"Le combat n'est jamais gagné"

C'est après ces échanges que le président s'est adressé à la communauté française. Il a consacré une grande partie de son discours au problème de l'antisémitisme en France. "Le combat n'est jamais gagné", a affirmé le Emmanuel Macron, qui a défendu son action contre l'antisémitisme face aux juifs de France inquiets. 

Pour la première fois, il est revenu sur une affaire qui a beaucoup choqué la communauté juive, le meurtre de Sarah Halimi. Cette femme juive a été assassinée à Paris il y a deux ans, et l'auteur des faits a été considéré comme irresponsable pénalement. "J'ai reçu tant de lettres, entendu tant d'émoi, vu tant de rage, de colère, à l'idée que la justice ne soit jamais faite. La justice française a reconnu le caractère antisémite de ce crime. Ensuite, la justice doit avoir un lieu, et je sais la demande d'un procès qui doit se tenir", a soutenu le président. 

"La France n'aura pas ce visage"

Son message ne s'adressait pas uniquement à la communauté juive de France. "L'antisémitisme revient, pas ces derniers mois mais ces dernières années. Il est là, avec son cortège d'intolérance de haine. La France n'aura pas ce visage. Elle aura tous ceux de cette foule si nombreuse et émue qui s'est rassemblée tout le long de la rue Soufflot pour accompagner Simone Weil dans sa dernière demeure. La France ce sont les visages, marqués par la peine profonde de cette disparition, ce sont ces mémoriaux, ce sont l'enseignement de la Shoah, c'est notre engagement à tous et toutes", a déclaré le chef de l'Etat.

"L’antisémitisme est là, en France, en Europe. Et l’antisémitisme ne doit pas être uniquement ni même d'abord le problème des juifs. L'antisémitisme c'est d'abord et avant tout le problème de la République", a soutenu Emmanuel Macron devant l'assistance.

La Shoah ne peut être utilisée pour "justifier" la "division" ou la "haine" 

La Shoah ne peut être utilisée pour justifier la "division" ou "la haine contemporaine", a déclaré un peu plus tard le président français, devant des centaines d'invités dont une quarantaine de dirigeants étrangers. "Nul n'a le droit de convoquer ses morts pour justifier quelque division ou quelque haine contemporaine", a lancé Emmanuel Macron. "Car tous ceux qui sont tombés nous obligent à la vérité, à la mémoire, au dialogue, à l'amitié."

Son discours intervient après ceux du vice-président américain Mike Pence et du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui ont tous deux pointés du doigt l'Iran, qu'ils accusent de faire le jeu de l'antisémitisme : le premier a appelé à "rester ferme" face à l'Iran et le second à agir contre les "tyrans de Téhéran" afin d'éviter une "autre Shoah". "Quel plus beau symbole que de nous voir ici tous rassemblés et unis, de faire oeuvre utile pour lutter contre le déni comme le ressentiment ou les discours de vengeance", a conclu Emmanuel Macron.