La discothèque, une espèce en voie de disparition ?

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Jean-Pierre Montanay édité par Antoine Cuny-Le Callet
En France, on comptait environ 4.000 discothèques dans les années 1980. Elles ne sont plus que 1.200 aujourd'hui. Les night club ferment les uns après les autres et on en vient à craindre leur disparition pure et simple. Dans sa chronique, Jean-Pierre Montanay par en croisade pour "sauver cette espèce en voie de disparition".

Le gérant du Duke's, célèbre club qui enflamme les nuits lilloises, a déclaré sur un ton assez prophétique que d'ici vingt ans, les discothèques auraient toutes fermé. L'hécatombe a commencé en 2015 avec la fermeture du mythique Macumba, après 38 ans de soirées mousse et de fièvre du samedi soir. C'était la plus grande boîte de nuit de France, située près de la frontière suisse.

D'autres ont suivi. En décembre, le Kes West et ses 5.600 mètres carrés de piste de danse, près de Béthune, ferment leurs portes. Les discothèques les plus vulnérables sont situées dans les campagnes ou dans la France périphérique désertée par les jeunes. Il n'en existe plus aucune en Lozère, et une seule dans le Gers.

Les raisons ne sont pas uniquement démographiques. C'est aussi la fin d'une époque : la "tenue correcte exigée", la cigarette autorisée, le seau à champagne et la boule à facettes. La boîte de nuit était le temple de la danse et de la drague avec les slows tant attendus après minuit. Des minutes interminables qui décidaient si on allait emballer ou prendre un bon râteau.

Le monde de la nuit fait sa mue

Aujourd'hui les mœurs changent. Les slow sont devenus has been car Tinder est passé par là. Les applications sont beaucoup plus efficaces pour conclure, donc beaucoup préfèrent s'épargner la virée en discothèque. Les plus jeunes aiment toujours danser mais pas dans ces "usines à jerks" aux sono assourdissantes. 

Désormais, la maréchaussée veille et le monde de la nuit doit faire sa mue. Le swing, danse rétro, revient à la mode, les gens dansent dehors, sur les places. Les nouveaux fêtards préfèrent les cabarets, les bars dansants, branchés et plus intimes.

La discothèque ne doit pas mourir, il faut sauver cette "espèce en voie de disparition". Dans certains coins paumés de la France, elle est le dernier sanctuaire d'une certaine culture populaire, le dernier lieu de vie et de rencontre après 22 heures. Que l'aime ou pas, l'esprit Macumba fait partie de notre patrimoine.