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«Je n’ai aucune notion de culpabilité» : ces consommateurs de drogues qui ne se sentent pas complices du narcotrafic

Jean-Luc Boujon - Mis à jour le . 2 min
Emmanuel Macron a estimé "qu'acheter de la cocaïne ou du cannabis était une façon d'être complice et de financer les trafics".
Emmanuel Macron a estimé "qu'acheter de la cocaïne ou du cannabis était une façon d'être complice et de financer les trafics". AFP / © Jack TAYLOR / AFP

Les consommateurs de drogues ont-ils conscience d'être complices du narcotrafic ? D'avoir en quelque sorte du sang sur les mains ? Pour le savoir, Europe 1 s’est rendue à Grenoble, haut lieu du trafic de stupéfiants. Dans cette ville, les règlements de compte et les morts liés à ce fléau sont nombreux. Le dernier en date, un jeune de 13 ans, tué le week-end dernier.

Face au narcotrafic qui gangrène les villes françaises, le ton est-il en train de changer au sommet de l’Etat ? Désormais, les consommateurs de stupéfiants sont dans le viseur. Mardi, Emmanuel Macron a estimé "qu'acheter de la cocaïne ou du cannabis était une façon d'être complice et de financer les trafics".

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Mercredi, le président en a remis une couche en fustigeant "les bourgeois des centres-villes qui fument en rentrant du travail et financent parfois le narcotrafic". Pour Louis Aliot, du Rassemblement national, il faut chasser et verbaliser les acheteurs de drogue pour faire diminuer la demande et donc lutter contre le trafic.

"Je suis même fière de financer le trafic"

Mais alors, les consommateurs de drogue se sentent-ils complices ? Europe 1 est allée leur poser la question à Grenoble, haut lieu du narcotrafic. La réponse de Noëlle, fumeuse de cannabis depuis plus de 40 ans, est sans équivoque. "Complice ? Absolument pas ! Je suis même fière de financer le trafic. Je préfère filer 50 balles à un gamin qui va pouvoir s'acheter une paire de pompes, plutôt que de donner de l'argent à l'Etat", assure-t-elle.

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Léa, 27 ans, qui fume tous les soirs en rentrant du travail, ne pense pas autre chose. "Je n'ai aucune notion de culpabilité. La seule notion qu'il y a quand on le fait, c'est la notion de danger, de se dire qu'on va peut-être se faire attraper par la police alors que c'est quelque chose que tout le monde fait, tout le monde sait. Je trouve ça un peu hypocrite en fait", juge-t-elle.

Pour cette jeune femme, dans d’autres pays, "on soigne avec des substances qui sont appelées des drogues aujourd'hui". "Que ce soit avec des psychédéliques ou du cannabis, on soigne des maladies, des TOC, de la dépression. Et donc je pense que la France est en retard sur cette question de la dépénalisation", estime Léa.

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"Comment fait-on pour ne pas se sentir responsable ?"

Des propos que Camille, 36 ans, juge inconscients. Beaucoup de ses amis, pourtant parfaitement insérés, fument régulièrement. Sans se préoccuper une minute des conséquences parfois mortelles des trafics.

"Comment fait-on pour ne pas se sentir responsable, quand on est consommateur de drogue, de la violence que ça engendre ? Je ne comprends pas. Mes amis me disent qu'ils ne se sentent pas concernés, qu'ils ne voient pas le lien entre le fait qu'ils injectent de l'argent dans le trafic, qu'ils le financent et que ça finit dans la poche de gens qui canardent des gosses dans les rues", déplore-t-elle.

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Incompréhensible pour Camille, "alors que par ailleurs, ils sont contre le réchauffement climatique et achètent leurs légumes en circuit court". Verbaliser les consommateurs pour enfin les responsabiliser, l'idée commence donc, semble-t-il, à faire son chemin.