"Ils sont là juste pour les élections" : à PSA, les salariés ne se sentent plus représentés par les syndicats

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Jean-Jacques Héry, édité par Antoine Terrel
Alors que les syndicats bataillent contre la réforme des retraites voulue par le gouvernement, dans les usines, les salariés regrettent que le lien avec les organisations syndicales se soient distendus ces dernières années. Et ont le sentiment d'avoir été abandonnés en route. 
REPORTAGE

Alors que le gouvernement prévoit des annonces d'ici mi décembre, et à un peu moins d'une semaine d'une grande journée de mobilisation le 5 décembre, les syndicats peuvent-ils faire plier le gouvernement sur son projet de réforme des retraites ? Reçues mardi et mercredi par le Premier ministre Édouard Philippe, les organisations syndicales ont tenté de défendre leurs positions, au nom des salariés. Mais sur le terrain, ces derniers se sentent de moins représentés par ces syndicats, comme à l'usine PSA de Poissy, dans les Yvelines.

"Les syndicats ne représentent plus les idées des ouvriers", cingle auprès d'Europe 1 un ouvrier, à l'entrée de l'usine située dans la rue Jean-Pierre Timbaud, un ancien syndicaliste communiste. "Ils sont de mèche avec les patrons. Tous, ils sont dans le même panier", déplore un autre. 

Tous ces salariés décrivent un lien avec les syndicats qui s'est distendu au fil des ans. Alors que ces derniers perdaient progressivement leur pouvoir, les ouvriers ont le sentiment d'avoir été abandonnés en route, entre licenciements et recours massif aux intérimaires. "Les syndicats, ils sont là juste pour les élections", tacle un travailleur au micro d'Europe 1, ne se sentant pas du tout protégé par les syndicats pour la future réforme des retraites. "C'est le patron qui décide, et les syndicats qui signent derrière". 

"À l'usine, on attend juste la fin du mois"

Mais le discours reste plus ambivalent qu'il n'y paraît. William, encarté CGT, ne cache pas ses critiques contre "certains délégués syndicaux qui ont la voiture pour partir en vacances, avec le gasoil payé". Mais, nuance-t-il, l'action des syndicats "aide contre les attaques de la direction, la surcharge de travail, et tous les accords pourris qu'il signent contre les ouvriers". 

Peu, cependant croient à la possibilité pour les syndicats de peser dans les négociations sur la réforme. "De toute façon, ce n'est pas l'urgence", explique Medhi. "À l'usine, on attend juste la fin du mois et le salaire qui vient avec". Et le peu d'énergie qui lui reste après sa matinée de travail ne servira pas à la révolte, juste à se dépêcher pour ne pas rater le prochain train, et rentrer chez lui dormir, le plus vite possible.