"Gilets jaunes" : revivez nos rencontres en vidéo avec les habitants de Mourenx

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Cette semaine, Europe 1 pose ses valises à Mourenx, l’une des communes où se sont mobilisés les "gilets jaunes". Nos reporters ont passé la journée de jeudi à la rencontre de ses habitants en Facebook live.

Jeudi, deux de nos journalistes ont passé la journée auprès des habitants de Mourenx, pour des rencontres en direct et en vidéo sur Facebook. Retrouvez-les sur notre page Facebook, en cliquant sur ce lien.

Depuis lundi et toute la semaine, Europe 1 pose ses valises dans cette commune située à 20 km d’Orthez et 30 de Pau, au plus près des préoccupations de ses habitants. Vendredi, une matinale spéciale sera animée à Mourenx par Nikos Aliagas avec Jean-Michel Aphatie

>>> Retrouvez les portraits des habitants de Mourenx sur notre page Instagram

17h30. "En trois ans, j'ai perdu 170 euros de pouvoir d'achat". Michel, ébéniste, est à la retraite.  "En trois ans, j'ai perdu 170 euros de pouvoir d'achat", témoigne-t-il dans le centre de Mourenx, pointant "la hausse des assurances" et de la CSG.  "Mes deux filles sont parties sur la côte, elles étaient dans le tourisme. On allait les voir souvent avec ma femme, on peut moins maintenant", souffle le retraité, engagé dans de nombreuses associations locales. "Je suis très occupé. Mais samedi dernier, j'étais sur le rond-point, avec les gilets jaunes." 

 

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16h30. Des manifestants prêts à repartir sur Paris. Devant la mairie de Mourenx, nous croisons Régis, "gilet jaune", qui préfère ne pas être pris en photo. Mais sur son téléphone, il nous montre volontiers les photos prises samedi dernier à Paris, où il s'était rendu pour manifester. "On est dégoûtés que ça ait dégénéré. Derrière les casseurs, c'était pacifique", souligne-t-il. Samedi prochain, il "remontera" jusqu'à la capitale à bord d'un fourgon, alimenté par de l'essence... espagnole. "Je remplis mes jerricans là-bas, c'est moins cher." 

16h00. Les gilets sont aussi aux fenêtres. Dans les rues de Mourenx, on ne compte plus les voitures qui arborent un gilet jaune - ou orange - sous le pare-brise, bien en évidence. Mais en roulant dans la ville, on croise aussi ledit gilet aux fenêtres, aux balcons, devant les portes... 

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15h30. Les infirmières "solidaires" des "gilets jaunes". "On a des responsabilités, on prend des risques dans la prise en charge des patients. Notre système ne reconnaît pas le travail infirmier à sa juste valeur", estime Marie-Angélique. "On est solidaires des 'gilets jaunes' parce que déjà, ça part du prix de l'essence, c'est notre moyen de transport pour faire notre travail." Sa collègue Anne ajoute : "et puis, quand on voit toute la détresse autour de nous, on ne peut être que solidaires."

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15h15 : "Aujourd'hui, il n'y a plus de médecins à la campagne". Anne, Gaëlle et Marie-Angélique, infirmières libérales, reçoivent dans le bureau qu'elles partagent, entre deux rendez-vous. "Tout s'écroule aujourd'hui, il n'y a plus de médecins à la campagne", pose la première. "Passé une certaine heure, les gens n'ont pas d'autre solution que d'appeler le 15." L'une de ses collègues renchérit : "on a des patients qui sont obligés de prendre un médecin traitant avec qui ils ne s'entendent pas et de le garder, parce qu'ils n'ont pas le choix." 

14h45 : Les études ou l'usine ? Pour autant, Corentin ne veut pas trop s'éloigner de sa ville. "L'année prochaine, je veux reprendre une licence à Bordeaux, rester dans le Sud-Ouest. J'ai fait des études de commerce international, mais ici il n'y a que des usines, où travaillent la plupart de mes copains..." Le jeune homme soutient les "gilets jaunes" et comprend le "ras-le-bol des taxes". Et glisse : "et puis, si tu restes à Mourenx toute ta vie, t'auras jamais de femme !"

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14h30 : "Il n'y a pas grand chose à faire ici". Corentin, 20 ans, nous a donné rendez-vous devant la salle de sport où il s'apprête à aller s'entraîner. "Je suis très attaché à Mourenx", souffle le jeune homme. "J'y vis depuis toujours, j'ai mes amis et ma famille ici. Mais bon, c'est une petite cité, il n'y a pas grand chose à faire ici. Nikos, ce sera la première personne célèbre à venir ici depuis longtemps... La dernière fois c'était Diam's et j'avais peut-être huit ans."

14 heures : "Avec 50 euros, on a deux bricoles au fond d'un chariot". "Quand j'entends à la télé qu'il y a des sondages de faits, je me dis que moi, je ne suis jamais interrogée. On nous dit de changer de voiture pour passer à l'électrique, mais ça coûte trop cher", poursuit Cécilia. "Avant avec 200 francs on remplissait un caddie, maintenant avec 50 euros on a deux bricoles au fond d'un chariot. On ne peut pas partir en vacances. C'est tout le système qui est à revoir."

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13h45 : "Les gendarmes nous ont donné un avertissement". Sur le parking d'un supermarché de Mourenx, Cécilia et sa fille Alexia, 18 ans, racontent leur manifestation de samedi dernier : "on était à fond, en famille ! Mais les gendarmes nous ont donné un avertissement parce qu'on klaxonnait et que c'est interdit en ville..." La mère, handicapée, a vu ses revenus baisser de 1.000 euros depuis qu'elle n'est plus en capacité de travailler. "Et ma fille n'a plus d'allocation de rentrée scolaire depuis deux ans, alors qu'il n'y a que mon mari qui travaille", s'emporte-t-elle. 

13h : Des taxis "solidaires" des "gilets jaunes". Dans cette zone résidentielle de Mourenx, nous croisons un taxi qui arbore un "gilet jaune" à l'avant de son véhicule. "Mon employeur m'en a parlé, et on a décidé de les mettre par solidarité", nous explique le chauffeur entre deux clients. 

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12h : "Comment payer une dame de compagnie avec 750 euros par mois ?" Marilyne nous parle aussi de sa maman, âgée de 88 ans, qui vit à Mourenx dans un appartement proche du sien. "Elle est handicapée après une opération de la colonne vertébrale. Et heureusement que nous sommes là avec ma sœur... Comment on  fait, aujourd'hui, pour payer une dame de compagnie avec 750 euros par mois ? Si elle n'avait pas ses enfants à proximité, ce serait très compliqué." 

11h40 : Rencontre avec Marilyne, "gilet jaune". Dans le centre de Mourenx, nous rencontrons Maryline, 51 ans, qui nous explique pourquoi elle a rejoint le mouvement des "gilets jaunes". "La vie est de plus en plus compliquée", témoigne cette mère de famille. "On travaille pour payer nos charges, et seulement pour payer nos charges. Ne pas pouvoir aider ses enfants quand ils sont dans le besoin, c'est une frustration terrible..." 

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11h : "Les petits commerces sont indispensables à notre survie". Nous quittons Noël et ses clients, dont Amar, retraité franco-marocain. Installé à Mourenx depuis 2014 - il y a rejoint son fils, employé dans la région -, il passe quelques mois par an au Maroc. "Mais c'est devenu chez moi ici. Grâce à des gens comme Noël, il y a de la vie, on se rencontre. Les petits commerces sont indispensables à notre survie." 

10h30 : "L'embauche, c'est pas à 9h30". En une demi-heure, six clients sont passés acheter du pain ou le journal chez Noël, qui évoque le problème des transports en commun à Mourenx. Un seul bus relie la ville à Pau le matin à 9h30, et à 18h dans l'autre sens. "Mais l'embauche, c'est pas à 9h30. Et un jour j'ai raté le bus et j'ai dû faire du stop !", raconte le commerçant. Une ancienne institutrice passe prendre son pain et acquiesce. Elle est venue à pied. "Moi j'ai de la chance, j'ai pu prendre ma retraite à 55 ans." 

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10h00 : Attirer les jeunes "avec des paninis au Nutella". "Les politiques devraient venir faire un stage dans la vraie vie", estime Noël, qui nous a spontanément offert le café. "Mais on ne se plaint pas, il y a une bonne solidarité ici". Beaucoup de clients viennent à pied, ou en voiture des villages alentours. "Mourenx, c'est une ville nouvelle des années 60, dont la population vieillit", résume le septuagénaire. Avec environ 800 euros de retraite, Noël présente sa décision d'ouvrir un commerce comme un "cocktail" entre l'envie de dynamiser la ville et la nécessité d'un complément de revenus. Il a aussi des jeunes clients, venus... du collège d'à côté : "pour les attirer, je pense à vendre des paninis au Nutella !" 

9h45 : Un dépôt de pain pour tout un  quartier. A quelques centaines de mètres de la mairie, nous rencontrons Noël, 70 ans, dans le dépôt de pain-épicerie fine qu'il a ouvert au mois de juin. "C'était fermé, j'ai du tout reprendre à zéro", nous raconte-t-il, tout sourire. "En fait, je suis tombé amoureux de ce petit village dans la ville..." Le "petit village", c'est une placette de sept commerces, dont une épicerie, un coiffeur et un restaurant. Le bar-tabac d'à côté à fermé, "mais avec un peu de chance ça rouvrira bientôt..."

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9h30 : Dans les rues de Mourenx. La journée commence à Mourenx, 7.500 habitants, beaucoup d'automobilistes ont choisi de montrer leur solidarité avec le mouvement des "gilets jaunes" en déposant le leur sous le pare-brise de leur voiture. "On condamne les casseurs, mais évidemment on soutient les manifestants", nous glisse un conducteur pressé. 

>>> Les reportages en direct de Mourenx sont aussi à écouter tous les jours sur Europe 1 à 7h12, dans les journaux de la matinale ainsi que ceux de Raphaëlle Duchemin et Pierre de Vilno entre 12h et 14h et de Matthieu Belliard de 17h et 20h.