À Mourenx, Noël, 70 ans, a créé son épicerie : "Ça marche, mais pas assez pour me sortir un salaire"

Noël, Mourenx, Carole Ferry / Europe 1, 1280
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Carole Ferry, édité par Grégoire Duhourcau
EN DIRECT DE MOURENX, JOUR 1 - Noël, 70 ans, vient d'ouvrir une épicerie à Mourenx, où Europe 1 s'est installée cette semaine. "Il est important que je passe à une vitesse supérieure", explique-t-il.

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Lundi, nous faisons la rencontre de Noël, 70 ans. Il vient d'ouvrir une épicerie qui fait également dépôt de pain. Ancien chanteur, ancien vendangeur, ancien croque-mort, la vie de Noël a été bien remplie mais aussi très chaotique. En conséquence, aujourd'hui, il n'a que 800 euros de retraite avec la pension de réversion de son épouse. Trop peu, surtout avec la hausse de la CSG, de l'électricité, du coût de la vie en général.

"Il est important que je passe à une vitesse supérieure." Sauf que tenir une épicerie a 70 ans ça n'est pas si simple. Pourtant, la mairie l'aide, elle veut voir vivre les commerces du quartier. Le loyer est très bas, mais cela ne suffit pas. "Je devais avoir un emploi à mi-temps mais cela ne s'est pas fait parce que le patron ne pouvait pas. Ça a été une déception pour moi alors j'ai créé mon propre emploi. (...) Ça marche, mais ça ne marche pas assez pour me sortir un salaire. Soit j'arrête, soit je continue. Il est important que je passe à une vitesse supérieure", confie Noël sur Europe 1.

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Il avoue également avoir été "motivé" par le fait "de monter l'épicerie fine" en allant "voir les gens sur place" : "Par exemple, pour le fromage de vache, je vais derrière Mauléon au Pays basque. C'est une petite famille, ils ont 24 vaches. Ils tiennent bon." Mais il est notamment freiné dans son développement par les banques : "On ne veut pas lui dire non à ce brave Noël, mais on ne va pas lui dire oui non plus." Noël l'assure, avoir monté son épicerie "n'est pas un coup de folie" mais il reconnaît que "parfois c'est dur" : "Parfois je me bouscule le corps aussi mais en fait, je dirais 'tant que tu peux, tu peux'."

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L'épicerie de Noël (© Carole Ferry / Europe 1)

"C'est très important, les commerces de quartier." Pour s'en sortir il faudrait qu'il vende 150 baguettes par jour. Il en vend trois fois moins, bien qu'il soit très soutenu par les habitants du quartier comme Corinne. "Je viens tous les jours parce que pour moi, c'est très important les commerces de quartier. C'est très important de faire cent mètres à pieds, de ne pas utiliser ma voiture et d'aller chercher mon pain ici, chez Noël. La première chose que l'on s'est dite, avant de savoir si c'était bon ou s'il était gentil, on s'est dit : 'C'est chouette'. Et après on s'est dit : 'On a raison, c'est vraiment bien.'" "Ils sont patients avec moi parce que parfois je les retiens, ils sont prisonniers", raconte Noël en riant. "C'est vrai, il parle beaucoup !", abonde Corinne.