manifestation retraites 4:36
  • Copié
avec AFP / Crédits photo : Schlaflang Thomas / NurPhoto / NurPhoto via AFP , modifié à
Des tensions et des affrontements avec les forces de l'ordre ont éclaté dans les cortèges de manifestants à Paris, Lyon et à Nantes en cette journée de mobilisation le 1er-Mai. Au total, 782.000 personnes ont défilé selon le ministère de l'Intérieur partout en France, contre 2,3 millions selon la CGT.

Des cortèges marqués par des tensions à Nantes, Lyon ou encore Paris. Les images de gaz lacrymogènes et de voitures incendiées ont émaillé les réseaux sociaux peu de temps après le lancement des cortèges. Ce 1er-Mai, 13e journée officieuse de mobilisation contre la réforme des retraites promulguée par Emmanuel Macron, a vu de nombreuses personnes battre le pavé dans près de 380 rassemblements. Selon le ministère de l'Intérieur, ils étaient 782.000 manifestants partout en France, contre 2,3 millions selon la CGT.

Les principales informations

  • 782.000 manifestants selon le ministère de l'Intérieur, 2,3 millions selon la CGT
  • Des tensions à Paris, Lyon, ou encore Nantes
  • Un policier grièvement brûlé en marge de la manifestation parisienne
  • 108 policiers et gendarmes blessés, 291 interpellations annonce Gérald Darmanin

Élisabeth Borne juge "inacceptables" les scènes de violences

La Première ministre Élisabeth Borne a jugé "inacceptables" les "scènes de violences" en marge des manifestations du 1er-Mai. "Dans de nombreuses villes de France, ce 1er mai a été un moment de mobilisation et d'engagement responsables. Les scènes de violence en marge des cortèges en sont d'autant plus inacceptables. Soutien à nos forces de l'ordre", a tweeté la cheffe du gouvernement.

Un 1er-Mai "fort", estime Sophie Binet

La mobilisation intersyndicale est la première lors d'un 1er-Mai depuis 2009. "Ce 1er-Mai est fort parce qu'il unitaire et qu'il montre le contraste saisissant avec la grande solitude d'Emmanuel Macron, qui n'a jamais été aussi seul, ni en France, ni à l'international", considère Sophie Binet, la nouvelle secrétaire générale de la CGT, au micro d'Europe 1.

Pour elle, cette journée de mobilisation "offre un démenti cinglant au pari de pourrissement qu'avait fait Emmanuel Macron, qui pensait pouvoir tourner la page et apaiser la situation. On est au jour 14 de l'apaisement 'made in startup nation', et la colère n'a jamais été aussi forte dans le pays", tranche la leader du syndicat.

782.000 manifestants selon les autorités, 2,3 millions selon la CGT

La CGT a dénombré 2,3 millions de manifestants dans toute la France, dont 550.000 à Paris lors du défilé du 1er mai entre les places de la République et de la Nation, a-t-elle indiqué lundi à l'AFP. Les autorités estiment de leur côté à 782.000 le nombre de manifestants sur tout le territoire, dont 112.000 dans la capitale. Selon Gérald Darmanin, 108 policiers et gendarmes ont été blessés, et 291 personnes ont été interpellées. Des interpellations facilitées par l'utilisation de drones, comme à Lyon

Par ailleurs, la police a ainsi compté 16.300 manifestants à Caen (40.000 selon la CGT), 11.000 à Marseille (130.000), 13.500 à Toulouse (100.000), 15.000 à Brest (33.000), 14.000 à Clermont-Ferrand (25.000), 2.000 à Charleville-Mézières (4.500).

Un policier grièvement brûlé et de fortes tensions à Paris

Des affrontements et des dégradations se sont produits lundi à Paris en tête du cortège du 1er-Mai, avec notamment des jets de projectiles contre les forces de l'ordre et des vitrines caillassées, ont constaté des journalistes de l'AFP. Les premiers incidents ont eu lieu dès le départ de la manifestation intersyndicale vers 14h15 de la place de la République, sous une forte pluie. De gros pétards ainsi que des projectiles ont été lancés sur les forces de l'ordre depuis le pré-cortège, composé de plusieurs centaines de manifestants vêtus de noir. En marge de la mobilisation parisienne, un policier a été grièvement brûlé par un jet de cocktail Molotov. Il souffre de brûlures au second degré au niveau du visage et de ses mains, affirme une source policière à Europe 1.

Plusieurs commerces sur le parcours ont vu leurs vitrines caillassées, notamment des agences bancaires et immobilières, un magasin de photocopies, ainsi que du mobilier urbain. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a dénoncé sur Twitter la présence à Paris, mais aussi Lyon et Nantes, de "casseurs extrêmement violents venus avec un objectif : tuer du flic et s'en prendre aux biens des autres". "Le préfet de police, compte tenu des nombreuses dégradations commises, a décidé de l'intervention des forces (de l'ordre) dans le pré-cortège pour mettre un terme aux incidents et séparer le pré-cortège du cortège syndical", a indiqué la préfecture de police (PP). Cette manœuvre a pour but "d'éviter que les éléments radicaux se fixent et empêchent la déambulation", a-t-on ajouté de même source.

Les manifestants ont effectivement été scindés en deux groupes, a constaté l'AFP. La tête de cortège est arrivée vers 16h15 place de la Nation dans un climat de vives tensions entre des centaines de "black blocs" usant de feux d'artifice en tir tendu et d'autres projectiles sur les forces de l'ordre, qui ont répliqué à grand renfort de lacrymogènes et de grenades défensive. "Les éléments violents sont tous arrivés place de la Nation. Mis en échec sur l'itinéraire, dans leur volonté d'entraver la progression de la manifestation en commettant des dégradations et des violences, ils cherchent désormais un affrontement place de la Nation", a commenté la PP. Selon cette même source, 2.740 contrôles avaient été effectués à 14h10, avant le départ de la manifestation. A 16h40, 46 personnes avaient été interpellées.

Les affrontements étaient encore en cours à 18 heures place de la Nation, où des bornes de vélos en libre-service ont été incendiées.

000_33E8968 (1)

Crédits : Alain JOCARD / AFP

Des violences à Lyon, des tensions à Nantes

Des actions violentes menées par des groupes de black blocks ont émaillé la grande manifestation organisée par l'intersyndicale à Lyon pour le 1er mai, marquée par des incendies de véhicules et d'importantes dégradations sur le parcours. Les heurts ont commencé en début de cortège environ une heure et demi après le départ de l'impressionnant défilé : des jets de projectiles ont visé à plusieurs reprises les forces de l'ordre qui ont répliqué avec des tirs multiples de grenades lacrymogènes dans le 7e arrondissement, autour de la place Jean-Macé puis la suite du parcours.

Au moins deux voitures ont été incendiées sur le parcours, des actes de vandalisme menés par des perturbateurs cagoulés et habillés de noirs ont visé des abris-bus, des commerces, des banques, des assurances et des agences immobilières, avec incendies de poubelles et de détritus. Une supérette a été pillée, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux.

Des affrontements ont également éclaté dans le centre de Nantes, moins d'une heure après le départ du défilé. Alors que de nombreux black blocs se trouvaient dans le cortège, les premiers jets de projectiles sur les forces de l'ordre, suivis de tirs de gaz lacrymogènes, sont survenus au niveau du quai de la Fosse environ une demi-heure après le départ du cortège, selon des journalistes de l'AFP sur place.

À Marseille, quelque 200 personnes ont brièvement occupé l'hôtel Intercontinental, un hôtel de luxe, y causant des dégradations au passage, après le traditionnel défilé qui s'est lui déroulé dans le calme.