Jérôme Jaffré était l'invité d'Europe 1 ce lundi. 3:27
  • Copié
Yanis Darras , modifié à
Le politologue Jérôme Jaffré était l'invité d'Europe matin ce lundi. Au micro de Dimitri Pavlenko, le chercheur associé au Cevipof est revenu sur la reconfiguration du paysage politique ces derniers mois, et notamment sur la minorité du pouvoir dans la situation actuelle. 

Une réforme des retraites et une opposition qui ne faiblit pas. Depuis le début de l'année 2023, la France voit se multiplier sur son territoire les journées de mobilisation contre la réforme des retraites voulue par le gouvernement, qui vise notamment à repousser l'âge de départ légal à la retraite de 62 à 64 ans. "La situation est extrêmement difficile pour le pouvoir en place" juge au micro d'Europe 1, le politologue Jérôme Jaffré. Et aujourd'hui, "nous sommes dans une situation où le pouvoir est très clairement minoritaire et à tous les niveaux", poursuit-il. $

 

"Le pouvoir est actuellement minoritaire d'une part sur l'opinion publique. Ça, c'est arrivé à bien des pouvoirs dans la Ve République, comme François Mitterrand, Jacques Chirac, etc... Mais il est aussi minoritaire au Parlement. Là, il a une majorité relative. Mais qui dit majorité relative dit que si tous les autres partis se regroupent ensemble pour refuser un texte, ils sont majoritaires", explique-t-il. 

Une Cinquième République dépassée ?

Une situation qui s'est notamment observée lors des débats autour du projet de loi de la réforme des retraites à l'Assemblée nationale, au début de l'année. "Ce qui est apparu, c'est que Les Républicains qui à ce moment là, ont un rôle pivot dans le système, ne sont pas des partenaires possibles pour le pouvoir. Et le petit groupe LIOT, est apparu comme un groupe oppositionnel, absolument farouche", ajoute Jérôme Jaffré. 

"Et puis le troisième mécanisme minoritaire que vous avez, c'est qu'au fond, nous sommes arrivés maintenant à un moment de la Cinquième République où l'on gouverne le pays en vous appuyant en gros sur 25 à 30% des Français. Mais vous avez contre vous des oppositions dures, qui représentent 60% du pays. C'est l'addition de la Nupes et du RN. Et vous avez une situation où ces forces qui s'opposent totalement entre elles, et ne peuvent pas gouverner ensemble, ce qui crée une situation nouvelle sous la cinquième où le pouvoir est structurellement minoritaire et les oppositions dures sont fortement majoritaires. Donc vous avez en permanence un climat de conflit politique dur", conclut-il.