Appels, visioconférences, SMS : tous les moyens sont bons pour contacter ses proches, éloignés pendant cette période de confinement liée au coronavirus. La ville de Bordeaux a opté pour une initiative originale. Elle a engagé des comédiens pour scander les messages des habitants dans plusieurs lieux de la ville. Le comédien de rue Gaëtan Ranson, membre du collectif La Flambée, participé à cette initiative en se transformant en crieur de rue, et devenir ainsi le relais des Bordelais confinés. Il raconte sur Europe 1 cette initiative, comme un retour au Moyen-Age, où les crieurs délivraient les informations essentielles aux riverains.
Lettres d'amour, blagues, clins d’œil
Pour envoyer un message, il suffit d'envoyer un courriel à l'adresse suivante : crieurspublics@bordeaux-metropole.fr. "On a trouvé qu'il y avait pas mal de création de la part des gens, et c'est super : des poèmes , des petits textes, des charades", raconte Gaëtan Ranson. "Mais évidemment toujours très en lien avec le coronavirus, avec le contexte sombre qu'on peut vivre. On a préféré parfois sélectionner les passages les plus motivants pour offrir une bulle d'air aux gens".
Les comédiens reçoivent plusieurs types de messages, majoritairement des clins d’œils, salutations, des déclarations d'amour ou encore "des rappels de déclarations d'amour pour des gens qui sont confinés amoureusement ensemble", précise l'artiste qui se souvient de la déclaration d'amour touchante d'Adrien, 9 ans, pour sa copine.
Les artistes interprètent les textes d'autrui, parfois drôles, parfois publicitaires. "Une fleuriste cette semaine a profité de nous pour rappeler qu'elle allait livrer du muguet", raconte Gaëtan Ranson. "On s'amuse à habiter le texte comme si nous le vivions".
Briser l'isolement, repenser l'espace public
Quatre binômes de comédiens sillonnent la ville, selon un parcours précis et dans le respect des gestes barrières. Les lieux choisis sont souvent des immeubles ou des quartiers excentrés. Ainsi les crieurs aident certaines personnes notamment âgées à sortir de l'isolement.
"Cela se ressent dans les applaudissements. Certaines jouent leur vie, c’est vraiment des remerciements très chaleureux", rit Gaëtan Ranson. "On va dans certains quartiers auprès de personnes qui ne sortent pas du tout de chez elles. Du coup, quand il y a une activité depuis la fenêtre pour eux cela représente vraiment une coupure dans leur journée. On reçoit des mails sans messages à déclamer mais de remerciement et ça fait vraiment chaud au cœur.
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Dans cette période de gestes barrières, qui nous éloignent mais nous protègent, Gaëtan Ranson espère que des pratiques artistiques pourront s'installer à plus long terme dans l'espace public, pour le faire revivre. "On va réfléchir à trouver des formes qui permettent de faire exister un peu de vie artistique après le confinement."