Déchets du Grand Paris : les habitants de Bardouville en colère

Grand Paris
Les habitants de Bardouville se mobilisent contre le stockage des déchets du Grand-Paris dans leur commune. © THIBAUD HUE / EUROPE 1
  • Copié
Thibaud Hue , modifié à
Le remblaiement d'une carrière, située dans les boucles de la Seine, par des déchets du Grand Paris fait vivement réagir les habitants de Bardouville qui seront impactés par une circulation de camion importante. Le projet qui devrait s'étaler sur quatre ans, est très mal reçu par les riverains qui se mobilisent pour en appeler à la justice.

C'est un projet qui fait vivement polémique. Le préfet de la Seine-Maritime a autorisé le stockage de déchets du Grand Paris, dans une carrière laissée à l'abandon, à Mauny, près de Rouen. Le village voisin, Bardouville, sera traversé pendant quatre ans par des centaines de camions qui achemineront les gravats depuis les barges accostées à quelques kilomètres, à Anneville-Ambourville. Alors la pilule ne passe pas pour les habitants de Bardouville. Dans cette commune tranquille de 600 habitants, le calme risque de ne pas durer et cette perspective est insupportable pour les riverains. Un bras de fer a été engagé avec la préfecture.

"120 à 150 camions vont passer ici"

Le maire de la ville, Dominique Rousseau, pointe du doigt l'immense carrière de craie où seront déversés 390.000 tonnes de déchets inertes, normalement non pollués, issus des travaux du Grand Paris. L'élu craint que la venue des camions ne perturbe la sécurité des passants : "Par jour, 120 à 150 camions vont passer ici. Il y a un arrêt scolaire qui est situé à 52 mètres de l'entrée. Comment on va faire ?", lance-t-il.

Au même moment, un camion emprunte le virage serré qui borde l'entrée de la carrière. "Vous allez voir comment il va se déporter !", interpelle le maire. "Les enfants n'auront plus la liberté qu'ils ont de passer tranquillement à vélo ici", regrette-t-il.

Grand Paris - Crédit  Hyd 2000

© HYDAR HAMADI

L'impression d'être sacrifié

Les riverains, comme Nathalie Aubert, présidente de l'association Les pieds dans l'eau qui rejette le projet, ont l'impression d'être sacrifiés. Au milieu de son jardin situé à une centaine de mètres du point de crispation, cette habitante explique, dépitée. "J'ai des fleurs de couleur verte, jaune, bleu… Mais demain, on sera toujours tout gris à cause de la poussière des déchets qui se déposera partout", explique-t-elle, craignant que les gravats soient pollués.

Depuis plusieurs mois, avec les membres de l'association, elle se bat pour empêcher la venue des camions : "On considère les berges de Seine comme la poubelle du Grand Paris, et bien qu'ils viennent directement verser les poubelles sur ma terrasse. Ça sera beaucoup plus pratique et au moins j'aurai une raison de déménager."

Pas de camions les week-ends et les jours fériés

L'autre point qui coince, c'est celui de l'indemnisation. La commune de Mauny qui héberge la carrière doit percevoir une compensation à hauteur de 0,20 centime par tonne de déchets. La préfecture précise que le montant pourrait s'élever au maximum à 100.000 euros. Mais Bardouville, malgré le passage des camions, ne touchera rien. "Intolérable", confie le maire qui précise que quoi qu'il arrive : "Je ne veux pas d'argent, je ne vendrai pas les habitants et ma commune".

Après une consultation citoyenne, le préfet de Seine-Maritime a décidé que les camions ne pourront pas circuler sur les week-ends, les jours fériés, ni sur les heures d'entrée et sortie d'école. Le trafic de ces véhicules ne pourra pas dépasser 11% de la circulation quotidienne. Insuffisant pour Nathalie Aubert qui ne lâchera rien : "S'il y a un jour des camions qui osent arriver jusqu'à la carrière, ils ont intérêt d'avoir une marche arrière."