"Dans l'équitation aussi" : une ancienne compétitrice accuse de viols trois encadrants

Dans une lettre au président de la FFE, Amélie Quéguiner explique avoir été "la proie et la victime" de viol de trois encadrants dans les années 1980.
Dans une lettre au président de la FFE, Amélie Quéguiner explique avoir été "la proie et la victime" de viol de trois encadrants dans les années 1980. © MEHDI FEDOUACH / AFP
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avec AFP
Amélie Quéguiner, ex-cavalière professionnelle, a expliqué dans une lettre au président de la Fédération française d'équitation, postée sur son compte Facebook, avoir été "la proie et la victime" de viols de trois encadrants dans les années 1980. Elle était alors adolescente. Un témoignage qui fait suite à celui de Sarah Abitol dans le monde du patinage artistique. 

L'annonce intervient en plein scandale de violences sexuelles dans le monde du patinage. Amélie Quéguiner, ex-cavalière professionnelle, a interpellé la Fédération française d'équitation (FFE), qui a annoncé vendredi à Bordeaux une "série d'actions". Dans une lettre au président de la FFE Serge Lecomte, postée sur son compte Facebook, elle explique avoir été "la proie et la victime" de viols de trois encadrants dans les années 1980, alors qu'elle était adolescente. 

Dans sa missive, où elle répète à plusieurs reprises "dans l'équitation aussi", elle dénonce le fait que son agresseur principal, bien qu'aujourd'hui à la retraite, "continue de prodiguer son savoir lors de stages en centres équestres, et traîne toujours sur les paddocks et les terrains" de saut d'obstacles.

"C'était de la torture. Cela a duré jusqu'à l'âge de 24 ans"

La plupart des faits se seraient déroulés dans les Pyrénées-Atlantiques, et hors de ce département pour des stages. Amélie Quéguiner, aujourd'hui quinquagénaire, a expliqué vendredi à l'AFP avoir d'abord été violée à l'âge de 13-14 ans par son entraîneur de club, devenu son beau-père. "En plus d'être mon coach, il était mon beau-père. J'étais disponible, à sa merci tout le temps, c'était plusieurs fois par semaine. Des actes très furtifs, cinq minutes derrière une porte, toujours avec violence. C'était de la torture. Cela a duré jusqu'à l'âge de 24 ans", a-t-elle raconté.

Elle a porté plainte il y a deux ans contre cet homme. Le parquet de Pau a confirmé vendredi à l'AFP avoir classé sans suite pour prescription, fin 2019, une plainte déposée par Amélie Quéguiner en 2018. Elle a indiqué avoir déposé plainte cette semaine contre les deux autres encadrants. La gendarmerie a confirmé un dépôt de plainte, jeudi à Laroche-Chalais (Dordogne), visant deux personnes.

"Je me suis dit : 'on peut le dire'"

"J'ai regardé une émission consacrée aux victimes dans le patinage. Elles ont parlé de Beyer, mais aussi de celui-là, et de celui-là. Alors je me suis dit : mais ça existe, je ne suis pas la seule. La honte ultime de dire qu'on a été violée par plusieurs, je me suis dit : 'on peut le dire'", a-t-elle souligné. 

Aujourd'hui directrice d'un centre équestre en Dordogne, elle espère que ses révélations aideront à "libérer la parole de leurs (les 3 encadrants) victimes potentielles". Après une première réponse écrite de la FFE qui s'affirme "à l'écoute", la directrice technique nationale de la FFE Sophie Dubourg a indiqué à la presse, à l'occasion du Jumping International de Bordeaux, qu'une "série d'actions (allaient) suivre".

 "C'est du ressort du ministère des Sports"

S'agissant des mis en cause par Amélie Quéguiner, Sophie Dubourg a assuré pour sa part que "ces trois personnes-là n'ont pas de missions fédérales, donc c'est d'abord (du ressort) du ministère des Sports pour le droit d'enseigner, la carte professionnelle et (de) la justice pour le pénal". Mais "il faut qu'ils soient entendus. Le ministère et la Fédération prendront aussi leurs responsabilités face à ces trois personnes-là", a-t-elle ajouté.