école coronavirus 4:17
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Victor Dhollande et Jean-Luc Boujon, édité par Ugo Pascolo , modifié à
En seulement une dizaine de jours, le taux de positivité des moins de 10 ans est passé de 3 à 10%. Une hausse qui pose question sur le protocole sanitaire mis en place dans les écoles, notamment à la cantine, un moment critique du point de vue du brassage. Pourtant des pistes d'amélioration existent. 
DÉCRYPTAGE

C'est une donnée surveillée de près par le gouvernement alors que l'ombre d'un nouveau confinement plane. Le taux de positivité au coronavirus chez les enfants de moins de 10 ans a triplé en quelques jours. De 3 % il y a 10 jours, il est passé à 10 %. À titre de comparaison, il n'est que de 6,4 % dans l'ensemble de la population. Pour l'heure, deux hypothèses sont envisagées pour expliquer une telle hausse. Premièrement, et c'est mathématique, plus on teste et plus on a de chances de trouver des cas positifs. Et deuxièmement, plus grave, c'est la possibilité que le variant britannique du coronavirus soit plus présent sur le territoire que "les 1% de tests positifs", annoncés par le ministre de la Santé Olivier Véran

Une forte augmentation... à prendre avec des pincettes

Mais si l'augmentation est très importante elle est peut-être à prendre avec des pincettes, comme l'explique au micro d'Europe 1 Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches. "Le chiffre en valeur absolue reste tout de même encore relativement faible", avance-t-il. "Il faut prendre cette information comme étant un indicateur que l'épidémie est présente et est à risque de continuer à se propager pour les semaines à venir." Car dans les faits, il y a toujours moins de cas diagnostiqués chez les jeunes : 54 enfants de moins de 14 ans sur 100.000 sont positifs au coronavirus. C'est trois fois moins que dans la population générale. 

Reste que cette hausse pose question sur le protocole sanitaire mis en place dans les écoles, notamment au moment de la cantine, alors que de nombreux voisins européens ont choisi de fermer les écoles. Pourtant les protocoles sanitaires sont appliqués du mieux possible, comme dans l'école publique de Soucieu en Jarrest, près de Lyon. Ici, les 70 enfants qui se mettent à table chaque jour à l'heure du déjeuner ne peuvent pas être placés en quinconce par manque de place. Alors faute de mieux, les enfants mangent par classe, explique au micro d'Europe 1 Mélanie Carvalho, responsable du pôle enfance de l'école. Ensuite, les enfants se lavent les mains avant de retourner en classe. Un geste qu'ils font huit fois par jour. 

"On fait ce qu'on peut avec les moyens qu'on a"

Une fois en cours, les élèves sont encore deux par bureau, puisqu'ils ne peuvent faire autrement. Ils continuent également d'aller au tableau et d'écrire au stylet sur le tableau numérique. Un objet qui n'est pas désinfecté lorsqu'il passe entre plusieurs mains. Mais pour Agnès Buguet, institutrice, cela n'est pas très grave. "Les enfants ne touchent pas leur visage puisqu'ils ont un masque. Je pense qu'on ne prend pas trop de risque." Et puis, "on fait ce qu'on peut avec les moyens qu'on a".

Si le protocole n'est pas parfait, il semble en tout cas porter ses fruits : depuis le mois de novembre et l'obligation de porter le masque en primaire, il n'y a eu aucun cas positif dans cet établissement. 

Les maths pour optimiser les mesures à prendre

À Soucieu en Jarrest comme ailleurs, difficile donc de faire plus pour limiter les contaminations en milieu scolaire. Et pourtant, des pistes d'améliorations existent. Et l'une d'entre elles vient... des mathématiques. Avec quelques données spécifiques à l'établissement, il est possible d'obtenir un score de contamination en fonction du protocole sanitaire mis en place dans les écoles. Cela permet d'"étudier des scénarios comme la suppression de la cantine ou la mise en place de pique nique", explique Bertrand Maury, professeur de mathématiques à l’université Paris-Saclay, à la manœuvre de ces savants calculs. Le logiciel peut également déterminer s'il est judicieux "d'étaler l'ouverture de la cantine, afin d'avoir trois voire quatre services au lieu de deux". 

Moins technique, une autre piste d'amélioration consiste à ce que les professeurs changent de classe plutôt que les élèves. Cela limiterait considérablement le brassage. Bertrand Maury est d'ailleurs en train de finaliser son logiciel pour permettre à des chefs d'établissement de prendre leurs dispositions en fonction du score de contamination.