Reconfinement : "Un an après, refaire la même histoire, c'est terrible"

Sur l'ensemble du territoire, 90.000 commerces ne pourront rouvrir leur portes pour l'instant.
Sur l'ensemble du territoire, 90.000 commerces ne pourront rouvrir leur portes pour l'instant. © Anne-Christine POUJOULAT / AFP
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Marion Gauthier, à Évreux (Eure), édité par Pauline Rouquette
Alors que de nombreux commerces dits "non essentiels" ont dû refermer leurs portes au premier jour du reconfinement dans 16 départements français, les commerçants désespèrent. Ils ne sont pas les seuls, puisque les habitants sont eux aussi déstabilisés par ces nouvelles restrictions, comme Europe 1 a pu le constater à Évreux.
REPORTAGE

Face au Covid-19, nouveau tour de vis depuis samedi dans 16 départements français dont l'Eure, où de nombreux commerces dits "non essentiels" ont de nouveau dû baisser le rideau. Selon un communiqué du gouvernement publié vendredi soir, 90.000 commerces ne pourront ouvrir, ce qui comprend les quelque 25.000 commerces déjà fermés dans les centres commerciaux sur l'ensemble du territoire. À Évreux, commerçants comme habitants sont perturbés par ces nouvelles mesures.

"J'ai l'impression d'être punie"

À Évreux, devant une boulangerie ouverte, une file d'attente longe la grille baissée d'un magasin de vêtements où, depuis sa boutique de chocolats, Sabrina regarde sans comprendre son autre boutique de chaussures pleines des nouveaux arrivages, mais vides de clients. "J'ai l'impression d'être punie, je ne comprends pas. Fermeture, pas fermeture… Et moi, je vois que les gens sortent", dit-elle au micro d'Europe 1. "Il y a du monde sur les routes, il y a du monde sur les trottoirs. Il y a du monde un petit peu partout et je pense que les gens en ont marre."

Au total, Sabrina pourrait perdre 20.000 euros de chiffre d'affaires, mais impossible d'en vouloir aux habitants d'Évreux, eux aussi circonspects devant les vitrines. "Il y a vraiment un confinement à deux vitesses", réagit un habitant. "Les coiffeurs sont ouverts, les cordonniers sont ouverts, d'autres petits magasins ne sont pas ouverts et c'est ça qu'on a du mal à comprendre."

La crainte de devenir des "robots"

Au moins, les habitants profitent de l'autorisation de sortie en plein air et sans limitation de temps. Sur la place, des groupes d'amis maintiennent le lien social et leurs habitudes. "Je pense que les 10 km, c'est bien parce que ça permet de se promener en forêt sans contraintes particulières, et s'il faut sortir un peu des clous, on le fera un petit peu. Sinon, on devient des robots", lance un groupe d'amis. "C'est quand même compliqué de se reprendre un coup sur la tête comme ça, c'est dur. Un an après, refaire la même histoire, c'est terrible, terrible", mesure un autre habitant.

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© Europe 1

Crédits : Marion Gauthier / Europe 1

Freiner, sans enfermer. Même si la troisième voie qu'a choisie le gouvernement laisse encore quelques libertés, elle inquiète les commerçants ébroïciens. Pour leur venir en aide, des bénévoles se sont déjà proposé de faire des livraisons à domicile pour les magasins fermés.