Pascal GUYOT / AFP 1:10
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Justin Morin, édité par Romane Lizée , modifié à
Alors qu'en pleine crise sanitaire les Français restent confinés chez eux, les coursiers des plateformes de livraisons de repas continuent de travailler. Ils ne disposent ni de droit de retrait ni de chômage partiel. "On essaie de se protéger comme on peut", témoigne l'un d'entre eux au micro d'Europe 1. 

"On essaie de se protéger comme on peut mais arrêtons de se mentir : pour des pizzas, le risque est énorme." Michael, 19 ans, parcoure Paris sur son scooter 4 heures par jour pour une grande enseigne de pizzas et pour permettre à des Français confinés de se nourrir. Lui à qui on n’a donné ni masque ni gants pour se protéger du Covid-19, porte un cache-cou et glisse un mouchoir devant sa bouche quand il livre un client. Souvent il pose la pizza devant la porte, sonne et s’éloigne. "Certains de nos clients sont peut-être même contaminés par le coronavirus, on ne le sait pas, mais on se retrouve en contact avec eux. Pour livrer quoi, une pizza? Ce n’est pas nécessaire."

"On touche moins qu’avant et on prend plus de risques"

Chez les spécialistes de la livraison de repas - Uber Eats, Deliveroo, Stuart… - dont les commandes sont en baisse, on continue aussi de tourner. Les enseignes profitent même du confinement pour lancer des promotions sur les menus. "Ils misent beaucoup sur le fait qu’on n’est pas obligés de se connecter pour travailler mais ils mettent en place tout une stratégie pour qu’on le fasse quand même", observe William, livreur à Quimper."Je n’ai pas de chômage, pas d’aides spécifiques, de congés… On n’a pas vraiment le choix."

Les livreurs ne disposent en effet ni de droit de retrait ni de chômage partiel. Résumé : "On touche moins qu’avant et on prend plus de risques", conclut William. Les plateformes assurent que les livreurs infectés seront indemnisés mais les conditions pour obtenir cette indemnisation sont très strictes.

Difficile aussi d‘entrer dans les cases et de satisfaire les critères qui permettraient de toucher les aides promises par le gouvernement. "Il faudrait que les plateformes suspendent leur activité, de façon à ce que les livreurs soient indemnisés au même titre que les indépendants qui ont vu leur activité suspendue", appelle Jérôme Pimot, ancien coursier à vélo et membre fondateur du Collectif des livreurs autonomes de Paris. Ce serait aussi un moyen de réduire les risques de propagation.