Bernard-Henri Lévy était l'invité d'Europe 1, dimanche (photo d'archives). 2:29
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Ariel Guez
Invité dimanche de "C'est arrivé demain" sur Europe 1, Bernard-Henry Lévy est revenu sur la gestion de la crise sanitaire du Covid-19. Il affirme qu'elle a comporté des "mécanisme de folie" et qu'en ayant confiance aveugle aux "sachants", il y a eu de la part du pouvoir un "abus d'autorité". 
INTERVIEW

Avant de penser au "monde d'après", certains veulent analyser et commenter les mois de crise sanitaire qui ont frappé la France. C'est le cas du philosophe et écrivain Bernard-Henri Lévy. Invité de Patrick Cohen dimanche sur Europe 1, "BHL" est revenu sur la gestion de la crise du coronavirus, affirmant que les gens "se sont fait avoir par les médias, les médecins et le pouvoir". Selon lui, en tenant pour acquis et sûre toute information venue d'un responsable médical, il y a eu un "abus d'autorité".

"Les scientifiques savaient qu’ils ne savaient rien"

"On les a tous considérés comme les 'sachants'. Les politiques n’ont cessé de nous dire 'nous nous remettons à ceux qui savent', et nous avons nous-même considérés qu’ils savaient", rappelle Bernard-Henri Lévy. "Or, les scientifiques les plus sérieux savaient qu’ils ne savaient rien", explique-t-il, pointant le fait que la médecine n'est "pas une science dure (...) et que la bagarre domine entre les médecins". 

"Je pense qu’on a été saisis par un moment d'égarement collectif"

Bernard-Henri Lévy dénonce également les "arguments d'autorités insupportables" employés dans les médias par les responsables politiques et les autorités sanitaires. Le philosophe pointe ainsi le décompte "terrifiant" des morts quotidiens. "Il y a eu une espèce d’atmosphère de terreur générale qui a été je crois une mauvaise action", regrette BHL. "Ce n’est pas comme ça qu’on affronte une pandémie", estime-t-il, justifiant ainsi le titre de son nouveau livre Ce virus qui rend fou. "Il y a eu des mécanismes de cette folie. Je pense qu’on a été saisis par un moment d'égarement collectif". 

"Des avocats menaçaient les gouvernants d'un 'Nuremberg du Corona'"

Pour autant, "BHL" ne critique pas toutes les actions de l'exécutif et des médecins. "Bien sûr qu’il fallait face à la pandémie prendre des mesures (...) je ne dis pas le contraire", affirme-t-il au micro d'Europe 1, citant le confinement, le port du masque ou la mise en place des gestes barrières.

"Les gouvernants ont fait à peu près ce qu’il fallait", continue l'écrivain. "D'autant plus avec la menace, le pétard sur la tempe, de tous ces avocats qui les menaçaient d'un 'Nuremberg du Corona'", précise-t-il. "Les avocats ont fait vivre les politiques sous le chantage d’un sang contaminé bis", affirme BHL, à propos des nombreuses plaintes déposées contre le gouvernement à propos de la gestion de la crise. 

"Les virus n’envoient pas de messages"

"Mais ce que je regrette, c’est la façon dont on a sur-réagi à ces gestes barrières, la façon dont on s’y est accommodé", explique BHL, qui s'inquiète sur quoi se sont construits les fondements du "monde d'après". Le philosophe dénonce ainsi pèle-mêle l'esthétisation des villes vides, une pensée "contraire à l'humanisme", ou le fait que "les écolos se soient emparés de cette affaire". 

"L'idée que le virus soit un message envoyé par la nature qui se venge, c’est con. Les virus n’envoient pas de messages", tacle Bernard-Henri Lévy, avant de critiquer Nicolas Hulot. "Quand Nicolas Hulot a dit que la nature a envoyé un ultimatum, c’était niais, ce n'était pas responsable et c'était un mauvais message", conclut-il.