Le gouvernement veut accélérer l'accès à la nationalité française pour les soignants en première ligne. 1:24
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Damien Mestre, édité par Antoine Terrel , modifié à
En septembre, le gouvernement assurait vouloir faciliter la naturalisation des travailleurs étrangers en première ligne contre le Covid-19. En décembre, 700 travailleurs étaient sur le point d'obtenir cette naturalisation, mais sur le terrain, les démarches sont parfois plus compliquées que prévu et les associations dénoncent un texte sans réel effet. 
DÉCRYPTAGE

L'engagement gouvernemental a-t-il été tenu ? En septembre, Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté au ministère de l'Intérieur, avait donné instruction aux préfets d'"accélérer" et "faciliter" l'accès à la nationalité française pour les personnes qui avaient "contribué activement" à la lutte contre l'épidémie de coronavirus. Car parmi les soignants, éboueurs, ou encore employés de supermarché, tous en première ligne pendant l'épidémie, beaucoup sont de nationalité étrangère et en demande de naturalisation. Mais plus de six mois après cette circulaire, où en sont ces procédures ? 

En décembre dernier, selon le ministère, 700 travailleurs étaient sur le point d'obtenir cette naturalisation sur près de 3.000 dossiers. Parmi eux, Aziz, kinésithérapeute à Lyon. Grâce à cette circulaire, il a obtenu un rendez-vous en un mois à peine, et a gagné au moins un an sur sa procédure. "Quand j'étais en première ligne, je n'ai pas pensé à accélérer ma procédure de naturalisation. C'est tout à fait normal de faire son travail. C'est gratifiant et ça fait plaisir", confie-t-il à Europe 1. 

"On ne peut pas promettre des choses et ne pas les tenir"

Mais sur le terrain, la situation est parfois bien plus compliquée. À l'Ehpad des Quatre saisons à Bagnolet, trois employés sont concernés par la circulaire, mais plus de trois mois après leur demande, deux n'ont toujours aucune réponse. Quant à la troisième, sa demande a été tout simplement ajournée.

"On ne peut pas promettre des choses et ne pas les tenir", regrette Laurent Garcia, cadre de santé dans l'établissement. "Cette soignante, elle bosse comme une dingue depuis le début du Covid. Vous imaginez bien la déception."

"J'ai peur qu'on ait fait beaucoup trop de promesses", dit encore Laurent Garcia, qui conclut, amer : "Il y a des trucs pas justes, surtout pour les soignants qu'on a tant applaudi il y a très longtemps." De leur côté, les associations spécialisées comme la Cimade, dénoncent elles une circulaire sans envergure, qui n'a pas de réel effet.