Coronavirus : les syndicats de police menacent de suspendre les contrôles faute de masques

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Europe 1 avec AFP , modifié à
Les syndicats de police sont ulcérés par le manque de masques de protection contre le coronavirus. Ils menacent de suspendre les contrôles des mesures de confinement s'ils ne sont pas équipés dans les prochains jours. 

Au front dans la gestion de la crise du coronavirus, le ministère de l'Intérieur fait face en interne à la colère des syndicats policiers, ulcérés par la gestion des stocks de masques dans l'institution et qui menacent de suspendre les contrôles du confinement. La crise des masques dans la Police nationale avait timidement démarré fin février, avant même que l'exécutif ne place la France sous cloche. 

Depuis le 16 mars et les annonces du chef de l'Etat, notamment sur le confinement général, pas un jour ne se passe sans que les syndicats policiers, relayant les inquiétudes de la base, ne s'alarment du manque de masques et d'anticipation de leur ministère de tutelle mais aussi des strictes conditions d'utilisation de ce matériel.

 

100.000 policiers et gendarmes mobilisés 

Alors que 100.000 policiers et gendarmes sont mobilisés pour faire respecter les mesures de confinement et que les verbalisations pleuvent sur tout le territoire, les agents considèrent être en "première ligne" et sont "non seulement des victimes potentielles du virus mais des vecteurs possibles de l'épidémie". Pour leurs proches, pour le public mais aussi dans les rangs des forces de l'ordre, selon les syndicats policiers. Une réunion organisée lundi, en visio-conférence, entre les partenaires sociaux, le secrétaire d'Etat, Laurent Nunez et le Pr. Jérôme Salomon, directeur général de la Santé (DGS), n'a pas rassuré les organisations syndicales.

Le décès d'un gendarme renforce les craintes 

Pire, l'annonce du décès d'un sous-officier de la gendarmerie, âgé de 51 ans, jeudi, même si les causes de sa contamination ne sont pas connues, n'a pu que renforcer ces craintes. Tout comme la décision du ministère de l'Intérieur, rendue publique mercredi, de donner ses stocks de masques FFP2 (1,4 million d'unités) au personnel soignant qui en manque également cruellement.

Cette annonce a encore gonflé la colère des organisations syndicales qui, tous grades confondus, ont lancé un ultimatum à Christophe Castaner : "Si les moyens de protection font défaut dans les services, les policiers ne feront que les missions réellement urgentes et ne procèderont plus au contrôle du confinement". De quoi sérieusement ébranler l'efficacité de ces mesures. Les gardiens de la paix de l'Unsa-Police et Alternative-CFDT ont d'ores et déjà appelé "à alléger, voire à ne pas effectuer les contrôles", et les deux grands syndicats de commissaires, le SCPN et le SICP, ont engagé les chefs de service "à la compréhension" en privilégiant "la sécurité des effectifs". 

L'entourage du ministre de l'Intérieur "n'imagine pas" une grève des contrôles 

Face à l'incendie qui couve, la place Beauvau qui pilote la cellule interministérielle de crise (CIC), campe sur la doctrine gouvernementale. Les masques FFP2 "sont normalement destinés aux personnels soignants, qui interviennent auprès des malades les plus graves, et notamment en réanimation. La doctrine du gouvernement est de réserver ces masques aux personnels soignants", a déclaré Laurent Nuñez sur TF1. "Les forces de l'ordre doivent veiller à respecter les gestes barrières et sont équipées de kits de protection à utiliser uniquement en cas de besoin, lors d'un contact avec une personne présentant un ou des symptômes du Covid", rappelle l'entourage du ministre de l'Intérieur. "Un réassort interviendra ce week-end", assure-t-on.

Cette même source "n'imagine pas" que les syndicats puissent mettre leur ultimatum à exécution : "les policiers ont, comme les gendarmes, un rôle majeur à jouer dans la lutte contre le covid-19. Ils sont les garants du bon respect des règles du confinement, et le ministre est à leurs côtés. Les policiers savent que les Français reconnaissent la dangerosité de leur métier. Les Français ne comprendraient pas que les gendarmes cèdent leurs masques FFP2 pour les professionnels de santé et que les organisations syndicales de la police appellent à cesser le travail".