1:42
  • Copié
Johana Chabas, édité par Rémi Duchemin , modifié à
En raison du coronavirus, beaucoup de jeunes n’ont pas pu décrocher de travail cet été. Un manque à gagner qui risque pour beaucoup de faire défaut au moment de financer leurs études dans l’enseignement supérieur. Plus de la moitié des étudiants sont ainsi inquiets pour l’avenir, selon la Fage.
REPORTAGE

Coronavirus oblige, cet été n’a ressemblé à aucun autre. Et les restaurateurs et hôteliers, privés d'une partie de leur clientèle, ont embauché beaucoup moins de travailleurs saisonniers que d'habitude. Idem dans le secteur de l'animation. Résultat, il était presque impossible de trouver un job d'été. Sauf que ce n'est pas seulement de l'argent de poche : beaucoup de jeunes ont besoin de cet argent pour financer une partie de leurs études. Trois quarts des étudiants ont ainsi connu des difficultés économiques depuis le confinement en France et plus de la moitié sont inquiets pour l’avenir, selon les chiffres d’une enquête de la Fage, le 1er syndicat étudiant.

"Ça m’est arrivé plusieurs fois de sauter des repas", témoigne ainsi Fanny. "Je n’avais rien dans le frigo, et je ne pouvais pas me permettre d’aller faire les courses à ce moment-là", poursuit la jeune femme, contrainte de piocher dans son livret A pour finir le mois.

"Je pense en tout avoir postulé pour 250, 300 postes"

Cette étudiante en design a également eu du mal à rembourser son prêt étudiant pour payer son école. Elle voulait travailler trois mois cet été, mais impossible. "J’espérais grand minimum mettre au moins 3.000 euros de côté, qui aurait remboursés la moitié de mon prêt étudiant sur l’année", explique-t-elle. "Je pense en tout avoir postulé pour 250, 300 postes. Ça m’arrivait de déposer un CV à un restaurant et qu’ils me disent ‘non, on ne cherche vraiment pas de travail parce qu’avec la période post confinement, financièrement parlant, c’était pas possible’."

Pour s’en sortir, Fanny essaye de trouver un emploi étudiant pour l’année. C’est la solution trouvée par Lara. Mais face aux difficultés économiques post-Covid, cette étudiante en droit envisage d’arrêter pendant un temps ses études. "J’ai des amis qui ont déjà arrêté la fac pour faire une pause, pour travailler une année, mettre de l’argent de côté et reprendre leurs études après", raconte la jeune femme. "Ce n’est pas la bonne solution, mais si je n’ai pas le choix je ferais ça. Et c’est dramatique…"

Pour aider les étudiants, la ministre de l’Enseignement supérieur a déjà annoncé des repas universitaires à un euro pour les boursiers. Une mesure appréciée par les associations étudiantes, mais elles demandent plus, notamment une réforme complète du système de bourse.

"Je suis très inquiet des inégalités qui vont apparaître durant cette rentrée"

Nicolas Duvoux, professeur de sociologie à l’Université Paris 8, n'a pas caché mardi sur Europe 1 son inquiétude pour ses étudiants cette année :