6:33
  • Copié
Ariel Guez
Eric d'Ortenzio, médecin épidémiologiste et coordinateur à l'Inserm, revient au micro d'Europe 1 sur la propagation du coronavirus en France et dans le monde. S'il ne juge pas inquiétant le seuil des 1.000 cas passés dimanche en métropole, il affirme qu'il va falloir "vivre avec et se dire qu’on va passer quelques semaines ou mois avec cette épidémie".
INTERVIEW

Plus de 90 pays touchés, près de 110.000 personnes contaminées dans le monde : la prolifération du Covid-19 est plus qu'importante. Dimanche, pour tenter d'endiguer l'épidémie, Olivier Véran, ministre de la Santé, a annoncé l'interdiction de tous les événements rassemblant plus d'un millier de personnes. Alors que certains affirment que le virus pourrait mourir avec la hausse des températures saisonnières, Eric d'Ortenzio dément cette information. "Sur l'impact de la saisonnalité, on n’en sait rien", affirme-t-il au micro d'Europe 1. "On voit qu’il y a des pays en zones tropicales qui commencent à être touchés, donc le coronavirus résiste à ces températures", poursuit le médecin. Il annonce à notre micro que, selon lui, il "faut s’attendre à trois mois d’épidémie en France".

 

Un scénario à l'Italienne ? 

Interrogé sur la possibilité d'un scénario à l'Italienne, Eric d'Ortenzio rassure : "En France, il y a eu préparation et l'effet de surprise n’a pas eu lieu". De l'autre côté des Alpes, le gouvernement de Guiseppe Conte a décidé de mettre en confinement plusieurs régions, de fermer l'ensemble des établissements scolaires et universitaires, ainsi que de ne pas ouvrir les cinémas, les théâtres et les salles de spectacles. "En Italie, il y a eu un effet de surprise avec des foyers épidémiques assez importants dans plusieurs villes et villages et c'est parti assez vite. Les hôpitaux se sont retrouvés saturés", raconte Eric d'Ortenzio. 

Pour le médecin, "la crise est bien gérée" en métropole, malgré les 1.126 cas recensés. "On s’attendait à une augmentation du nombre de cas de jour en jour. Il faut vivre avec et se dire qu’on va passer quelques semaines ou mois avec cette épidémie en France", explique-t-il. "Quand on va annoncer le stade trois (...) la question de la fermeture des écoles dans les foyers épidermiques, du télétravail, des transports, doit être mûrement réfléchie et être mise en balance avec l’impact sociétal et économique", prévient Eric d'Ortenzio. 

 

"Tout le monde est vigilant au niveau des institutions"

Mais le plus important, selon le médecin, est que tout le monde s'engage dans la lutte contre la propagation de l'épidémie. "Il faut vraiment que chacun soit acteur et agisse au niveau de la prévention. Par des gestes simples, mais il ne faut pas céder à la panique : il n'y en a pas, tout le monde est vigilant au niveau des institutions", rassure Eric d'Ortenzio. "Donc vraiment c’est très important que population s’engage dans la prévention", martèle-t-il.

"La transmission est un peu plus soutenue que la grippe, et sur la mortalité les taux sont un peu plus supérieurs de 1 ou 2%", explique Eric d'Ortenzio. "Donc c'est un peu plus grave et se transmet mieux. (...) Le but avec toutes les mesures prises est de réduire la transmission entre les personnes qui ne sont pas infectées et les personnes infectées", conclut-il.