Selon la journaliste Maïa Mazaurette, le lâcher prise qui accompagne le confinement serait bénéfique pour la sexualité des femmes. 2:24
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Céline Brégand
Pendant le confinement, différentes enquêtes menées auprès de la population françaises révèlent une baisse du niveau d'hygiène des hommes seuls et un lâcher prise des femmes en ce qui concerne les contraintes liées à l'épilation. La sexperte du "Monde", Maïa Mazaurette, explique sur Europe 1 mercredi les liens entre hygiène, lâcher prise et sexualité.
INTERVIEW

La baisse du niveau d'hygiène des Français en période de confinement a-t-elle un rapport avec la sexualité ? Oui, selon Maïa Mazaurette, journaliste spécialisée dans les questions de sexualité qui publie chaque dimanche une chronique intitulée "Le sexe selon Maïa" dans les colonnes du Monde. "Les questions d'hygiène sont liées à des questions de désirs", explique la sexperte dans "Culture Médias" mercredi.

"Les femmes subissent le plus les conséquences du confinement au niveau de l'estime d'elles-mêmes"

Selon un sondage Ifop publié le 22 avril, un tiers des Français ne prend plus de douche quotidiennement et 41% des hommes confinés en solo ne changent pas de slip tous les jours, contre 15% des femmes confinées seules. "Le désir n'aime pas le dégoût", souligne Maïa Mazaurette. "On voit bien que ce sont plutôt les hommes qui ne prennent plus de douche et qui arrêtent de changer de slip. Ce sont les hommes plutôt seniors, plutôt chômeurs, plutôt célibataires, c'est-à-dire les hommes qui, a priori, sont tout seuls à tous les niveaux en ce moment. Donc il n'y a pas d'enjeu", détaille-t-elle

De leur côté, 74% des Françaises interrogées déclarent se doucher au mois une fois par jour et 91% des femmes changent de culotte tous les jours. Si les chiffres sont plus encourageants chez les femmes, Maïa Mazaurette relève que "ce sont les femmes qui subissent le plus les conséquences du confinement au niveau de l'estime d'elles-mêmes". Puisque seulement "12% des femmes en ce moment en France se sentent belles" contre 22% avant le début du confinement.

"Le lâcher prise permet d'avoir plus facilement des orgasmes"

Pendant le confinement, certaines femmes françaises ont également décidé de se débarrasser de certaines contraintes. Ainsi, 8% des femmes interrogées déclarent le jamais ou presque jamais porter de soutien-gorge contre 3% avant le confinement. Et selon une enquête d'OpinionWay pour la marque de rasoir Bic, 38% des femmes choisissent de laisser repousser leurs poils. Pendant ce temps, les hommes troquent leur pantalon de travail pour un jogging.

Maïa Mazaurette s'est donc demandé si le lâcher prise était compatible avec la sexualité. "On sait que le lâcher prise permet d'avoir plus facilement des orgasmes", explique la journaliste. "Les femmes notamment sont victimes d'un syndrome qui s'appelle 'le spectatorisme'. Pendant l'amour, on se regarde comme si on était à l'extérieur, comme s'il fallait toujours avoir la pause parfaite et être toujours très désirable", expose la sexperte.

Le lâcher prise qui accompagne le confinement serait donc plutôt bénéfique pour la sexualité des femmes. "En lâchant un peu du leste sur l'apparence, on va pouvoir se concentrer sur son ressenti, sur ses émotions", appuie-t-elle. "En revanche, au niveau de la séduction, c'est un petit peu compliqué", reconnaît-elle. "Quand on ne s'aime pas soi-même, quand on n'a pas l'impression de mériter une récompense qu'est l'orgasme, la jouissance sexuelle, on y va moins qu'avant", estime Maïa Mazaurette.