Emmanuel Macron 1:30
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Claudia Bertram, à Manihi (Polynésie), édité par Manon Bernard
Mardi, le président de la République, toujours en voyage en Polynésie française, a inauguré le chantier d’un abri anticyclone sur l’île de Manihi. Avec le réchauffement climatique, les habitants de l’archipel risquent de plus en plus d’être confrontés à ces intempéries. Certains se souviennent même du dernier cyclone, en 1983. 

Emmanuel Macron, pour son troisième jour de visite en Polynésie française, a inauguré sur l'île de Manihi, dans l’archipel des Tuamotu, le chantier d’un abri anticyclonique tout en évoquant la protection des atolls face au changement climatique. Une infrastructure nécessaire dans les atolls plus menacés que les îles hautes : ils n’émergent que de quelques mètres au-dessus de l'océan et les constructions en dur y sont rares. Certains habitants, par le passé, ont pu survivre en s'attachant à un cocotier balayé par des vents violents.

"Notre paradis peut rapidement se transformer en enfer", a confie le maire de Manihi, John Drollet, au chef de l'Etat, en évoquant "des vagues de 12 mètres dans le pire des cas" dans l'archipel.

"L'eau est venue jusqu'aux épaules"

Le passage du dernier cyclone, les habitants s’en souviennent. C’était en 1983. "Dans les motu (îlots), certains se sont cachés dans les congélateurs et un habitant accroché à une branche a été secoué dans le lagon pendant toute la nuit", raconte Émilienne Natua Lancel, une retraitée de Manihi. Elle avait aidé une femme à accoucher sur son atoll ravagé par les vagues et le vent. La mère avait appelé son bébé Orama, comme le cyclone.

"L'eau est venue jusqu'aux épaules", indique Augustin Tama à Emmanuel Macron devant la maquette du futur abri. "Ça fait peur car la mer vient du large puis le lagon commence à monter", poursuit-il. Le bâtiment surélevé à plus de trois mètres cinquante du sol servira d'école. En cas d’intempéries, il pourra recueillir presque toute la population de l'atoll, soit 650 personnes.

8.000 habitants ne sont toujours pas protégés

"Lorsque l'on parle ici des conséquences du réchauffement climatique et des dérèglements, on parle de vos vies, de la vie de vos enfants", déclare le chef de l’Etat devant les habitants de l’île. "Je sais bien qu'il y a plusieurs décennies qu'on vous promet des abris. Je sais bien qu'il y a même certains ministres qui ont pu mettre des premières pierres à des abris qui n'ont ensuite jamais progressé et que tout le monde s'est renvoyé la balle", a-t-il ajouté.

Les Tuamotu sont déjà équipés de 27 abris, mais 8.000 habitants ne sont pas encore protégés. Un programme cofinancé par l'Etat et la Polynésie française prévoit la construction de seize autres abris d'ici 2027 dans l'archipel.