Cinq millions de riches en France ? "On est dans une dénomination qui ne veut rien dire", selon Agnès Verdier-Molinié. 2:41
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Mathilde Durand , modifié à
Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation Ifrap (Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques), think tank libéral, dénonce le rapport de l'Observatoire des inégalités, paru mardi. "Il faut peut être arrêter de réfléchir en riche, pauvre et les opposer les uns aux autres", déplore-t-elle sur Europe 1. 
INTERVIEW

Un rapport de l'Observatoire des inégalités, paru mardi, détermine un "seuil de richesse" équivalent à deux fois le revenu médian, soit 3.740 euros par mois, après paiement des impôts. Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation Ifrap (Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques), think tank libéral, s'agace sur Europe 1 d'une stigmatisation entre riche et pauvre, et de la méthodologie du rapport. "Pourquoi doubler le revenu médian et dire 'à partir de là, on est riche' ? 3.740 euros par mois, ce n'est pas une somme gigantesque."

Une stigmatisation des "riches"

"Je crois que cette étude sort à un moment plutôt politique, puisque dernièrement tout le monde a ressorti des idées de taxes sur les plus riches, qui sont complètement à côté du sujet puisqu'on est un des pays qui taxe le plus le capital", poursuit-elle. "On a l'impôt sur la fortune immobilière, on a encore des niveaux de taxation sur les dividendes, les plus-values, les cessions d'entreprise qui sont parmi les plus élevés au monde."

Selon elle, le rapport omet volontairement un aspect essentiel de la société française et de son économie. "Il faut rappeler aussi que ces 10% les plus riches payent plus de 50% des impôts directs payés par les ménages français. S'ils n'étaient pas là pour payer leurs impôts, nous n'aurions pas la possibilité de faire tourner nos services publics", explique Agnès Verdier-Molinié. Elle rappelle également que parmi les 1% les plus riches, certains sont des entrepreneurs, qui créent des emplois et investissent en France. 

La directrice du think tank libéral dénonce une stigmatisation, avec une dénomination de "riche", qui ne signifie plus rien. "Avant on disait qu'on était riche à partir de 4.000 euros, maintenant c'est 3.500 euros demain ce sera combien ? On est soi-disant toujours plus riche, mais plus riche avec des niveaux de revenus moins importants", déplore-t-elle. "La question à se poser c'est comment on augmente la richesse nationale par habitant, comment on fait remonter tout le monde mais pas comment faire baisser ceux qui sont en haut ? Il y aura toujours des personnes qui seront en haut, et qui seront plus riches", avance-t-elle. Avant de poursuivre : "Il faut peut être arrêter de réfléchir en riche, pauvre et les opposer les uns aux autres."

Les solutions de l'Ifrap pour relancer la richesse nationale

L'Ifrap plaide pour plusieurs options afin de recréer de la richesse sur le territoire français, et ainsi de l'emploi. "On joue la carte de la production dans notre pays en baissant les taxes sur les entreprises, sur les investisseurs et en expliquant à tout le monde : 'Maintenant il faut reconstruire notre industrie'. On est à 10% de l'industrie dans la richesse française alors que les Allemands sont à 20%", explique Agnès Verdier-Molinié. 

"Ils ont fait le pari de la valeur ajoutée, de la création d'emplois très qualifiés, en ayant des charges sociales sur les emplois bien rémunérés beaucoup moins fortes que celles que nous avons. Nous, nous avons créé des niveaux de charges tellement élevés sur les salaires qui commencent à être important qu'on dissuade d'embaucher à des haut niveau de qualification", poursuit-elle. La Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques propose également un allègement des charges sur la production des entreprises, à hauteur de 30 milliards d'euros. Une telle décision, selon eux, permettrait de créer 400.000 emplois d'ici 2024.