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Olivier Samain et Mathilde Durand , modifié à
Selon un rapport de l'Observatoire des Inégalités, la proportion des Français qualifiés de "riches" est équivalente à celle des pauvres, soit 8%. Environ cinq millions de Français sont au dessus du "seuil de richesse" en termes de revenus, déterminé par ce rapport, soit 3.740 euros pour une personne seule, après paiement de ses impôts. Un seuil équivalent à deux fois le revenu médian.  

Combien y a-t-il de riches en France ? A partir de quel revenu est-on considéré comme appartenant à cette catégorie de la population ? Mardi, un rapport inédit de l'Observatoire des Inégalités décrypte différentes données statistiques, jusqu'ici peu exploitées, et brosse un portrait surprenant. Selon ce dernier, 8% de la population française serait ainsi qualifiée de "riche". Une proportion identique à celle des pauvres. Pour trouver ces chiffres, l'Observatoire des inégalités a décidé d'un seuil de richesse, à l'instar du seuil de pauvreté déjà existant.

Plus d'un million de millionnaires 

Le seuil de pauvreté est équivalent à la moitié du revenu médian des Français : 867 euros par mois. Partant de ce postulat, l'Observatoires des inégalités a déterminé qu'une personne riche gagne environ deux fois plus que le revenu médian (1.750 euros). Le "seuil de richesse" serait donc de 3.740 euros une fois les impôts payés pour une personne seule, et de 7.287 euros par mois pour un couple avec deux enfants. Une fois ce pallier déterminé, le nombre de personnes se situant au dessus de ce seuil s'élève à 5 millions de Français, soit 8% de la population du pays. 

Dans ce cadre, seuls les revenus étaient évoqués. En tenant compte du patrimoine, le seuil de richesse retenu par les auteurs du rapport s'élève à un demi-million d'euros : 490.000 euros exactement. Environ 4.600.000 ménages atteignent ce stade, et 1.200.000 sont même millionnaires. 

Dans ce rapport, la disparité des "riches" est largement pointée. "A l'intérieur de cette richesse on va trouver des cadres supérieurs avec un bon niveau de vie, et puis des sommes colossales. On est toujours, en France, le pauvre d'un autre. Il y a après une distribution très hétérogène de la richesse avec des niveaux considérables, plusieurs millions d'euros par an", indique Louis Maurin, Fondateur et directeur de l'observatoire des inégalités. 

L'écart se creuse

L'Observatoire des Inégalités constate que, si le nombre de riches évolue peu en France, l'écart de leur niveau de vie avec le reste de la population s'est accru en vingt ans. Et en termes de patrimoine, le constat est le même : les 10% des Français les plus fortunés possédaient 51% du patrimoine total des ménages en 1995. Vingt ans plus tard, ils en possèdent 55%.

"On entre dans les 1% les plus riches à partir de 6.700 euros, à 15.000 euros on est dans le 0,1% les plus riches, et à 38.000 euros on est dans le 0,01% par mois", décrypte Louis Maurin. Le rapport illustre que les français plus riches, soit les 1% qui ont les plus hauts revenus, sont les deuxième d'Europe, derrière les Suisses. 

Décrire pour trouver les moyens de la solidarité 

Pour l'Observatoire, l'objectif de ce rapport est une description de la société afin de lancer un débat. "On a un problème en France avec ce mot de 'riche', la question n'est pas d'aimer ou de ne pas aimer les riches ou les pauvres, mais de décrire la société", rappelle Louis Maurin. 

Le rapport peut également être utile pour trouver l'argent public faisant défaut. "Voilà une des bases qui nous permet de nous demander comment redistribuer ? Notre pays est dans une crise considérable. Qui peut aujourd'hui faire un effort de solidarité ? Est-ce que c'est simplement une poignée de très riches que l'on va surtaxer ? Ou est-ce que c'est beaucoup plus large ? Les riches voire même peut-être en dessous. Est-ce que ce n'est pas à chacun de contribuer à l'effort collectif en fonction de ses capacités ?", s'interroge Louis Maurin.