Changement d'heure : mais d’ailleurs, il ne devait pas être supprimé ?

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La fin du changement d'heure aurait dû être appliqué en 2021. (Illustration) © PATRICK SEEGER / DPA / AFP
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Juliette Moreau Alvarez , modifié à
Tic, Tac… Dimanche, l'Europe passe à l'heure d'été. S'il y a quelques années, l'Union européenne avait voté pour la suppression du dispositif censé nous faire économiser de l'énergie, la fin du changement d'heure semble aujourd'hui presque oubliée. Entre Covid et guerre en Ukraine, il faut dire que la mesure semble presque futile.

"On gagne ou on perd une heure ce dimanche ?" L'éternelle question va une nouvelle fois se poser ce week-end. Dans la nuit du 30 au 31 mars, à 2 heures du matin il sera 3 heures. Si le passage à l'heure d'été a été instauré dans les années 1970 en France et s'est harmonisé en 1998 dans toute l'Union Européenne, il est pourtant remis en question depuis plusieurs années sur le Vieux Continent. En 2019, les députés de l'Union européenne avaient voté en faveur de la suppression du changement d'heure. Pourtant, en 2024, les Français remontent toujours leurs horloges, et continueront sûrement à le faire en 2025. Europe 1 vous explique pourquoi.

Une proposition bien loin des priorités de l'Union européenne

Initialement, le changement d'heure a été mis en place principalement dans le but de réaliser des économies d'énergie suite au choc pétrolier de 1973 et à l'envolée des prix de l'or noir, alors que la France se chauffait majoritairement au fioul. Si une étude publiée en 2010 par l'Agence de la transition écologique (Ademe) note les impacts positifs sur les émissions en CO2, d'autres travaux pointent l'inefficacité du dispositif aujourd'hui et de nombreux citoyens contestent son bénéfice.

En 2018, la Commission européenne avait lancé une consultation publique à l'échelle de l'UE, avec 84% des répondants favorables à une suppression du changement d'heure. En 2019, un projet de directive est validé. C'est à la fin de l'année 2020 que la directive est officiellement adoptée par le Conseil. Néanmoins, le timing a été mauvais : la crise sanitaire liée au Covid-19 a fait passer les problèmes d'horloge au second plan. Sur son site, le gouvernement français laisse même entendre que le projet est pratiquement tombé aux oubliettes : "Ce texte sur la fin du changement d'heure n’est plus à l’ordre du jour et ne devrait pas être discuté dans un avenir proche." 

L'UE a du mal à aligner ses aiguilles

Après le Covid-19, c'est la guerre en Ukraine qui a presque entériné l'idée. Mais si ces crises ont bien occupé l'Union européenne, ce n'est pas le seul frein pour mettre fin au changement d'heure. La procédure est aussi complexe et administrativement lourde : désormais, il faut que les États membres se concertent et s'accordent pour aligner leurs montres, afin de garder un bon fonctionnement du marché intérieur. Si la France, l'Espagne ou encore l'Italie préfèrent garder l'heure d'été, les pays au Nord de l'Europe, eux, plaident pour rester à l'heure d'hiver. Un vrai casse-tête.

Le Parlement européen prévoyait une application de la mesure en 2021. Aujourd'hui, aucun consensus n'a été trouvé et la directive sur le changement d'heure ne semble pas être prête à aboutir.