Une octogénaire vivant à Biarritz a été expulsée illégalement de son logement au premier jour du déconfinement. (Photo d'illustration) 1:37
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Stéphane Place, édité par Ugo Pascolo
Une octogénaire vivant à Biarritz a été expulsée illégalement de son logement au premier jour du déconfinement. Partie faire des courses, elle a retrouvé ses affaires dans le hall de son immeuble, tandis que son propriétaire avait changé les serrures. 

C'est un déconfinement qui commence mal. Le 11 mai dernier, une octogénaire louant un appartement à Biarritz a eu la désagréable surprise de retrouver ses affaires à l'extérieur de son domicile, et de constater que les serrures avaient été changées. Une initiative de son propriétaire qui souhaitait l'expulser, faisant fi de toutes les lois, y compris celle de la trêve hivernale, prolongée jusqu'à la fin de l'état d’urgence sanitaire, le 10 juillet. 

"Il a profité qu'elle aille faire des courses"...

"Il a profité qu'elle aille faire des courses dans l'après-midi pour changer les serrures et sortir toutes les affaires, y compris ce qu'il y avait dans le frigo", précise au micro d'Europe 1 Me Véronique Décis, l'avocate de la Biarrote de 83 ans. "Il a tout mis en vrac dans le hall de l'immeuble".

À l'origine du conflit entre le bailleur et la retraitée, le paiement du loyer d'avril. "Elle ne l'avait pas payée", confirme le conseil. "Je pense que c'est ça qui a commencé à cristalliser les choses", poursuit-il, tout en précisant que le règlement a été effectué entre-temps.

... pour l'expulser en totale illégalité

Interrogé par la police, le propriétaire avance que c'est la retraitée elle-même qui voulait déménager, rapporte Sud-Ouest, mais cette version est contestée par l'octogénaire et son avocate. Cette dernière rappelle d'ailleurs qu'il "n'est pas possible de se faire justice soi-même. Il faut une ordonnance de la juridiction qui désigne un huissier, qui jugera lui-même s'il est nécessaire d'ordonner la force publique." D'autant qu'à l'illégalité de la procédure d'expulsion, s'ajoute celle de la trêve hivernale, exceptionnellement prolongée jusqu'au 10 juillet pour cause d'état d'urgence sanitaire. 

Une procédure en référé

"Elle a été expulsée manu militari à 83 ans, on ne fait pas les choses comme cela", ajoute l'avocate. Totalement déstabilisée, ses affaires dans la voiture, cette octogénaire dort désormais chez des amis en attendant que la procédure en référé lancée par son conseil aboutisse. Si tel est le cas, la retraitée pourra réintégrer son logement, et certainement obtenir un dédommagement pour le préjudice subit.