Barcelone, Lisbonne, Venise... Pourquoi des milliers de personnes ont manifesté dans ces villes ce week-end

Ce week-end, plusieurs villes du sud de l'Europe, à l'image de Barcelone, Lisbonne ou Venise, ont vu défiler des manifestants opposés au surtourisme. Ils dénoncent une augmentation du coût de la vie et une pénurie de logements pour les locaux.
Le pistolet à eau est devenu leur nouveau symbole. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de plusieurs villes du sud de l'Europe dimanche pour manifester contre le tourisme de masse, tirant avec des pistolets à eau sur les vitrines des magasins et allumant des fumigènes à Barcelone, par exemple, où s'est déroulée la principale manifestation.
"Le tourisme de masse tue la ville"
"Vos vacances, ma misère", ont scandé les 600 à 800 manifestants dans les rues de la capitale catalane, brandissant des banderoles arborant des slogans tels que "le tourisme de masse tue la ville" et "leur cupidité nous mène à la ruine", rapporte Reuters.
Le tourisme de masse ou surtourisme est défini, depuis l'an dernier, comme une "présence touristique perçue comme excessive et nuisible" par Le Robert. Selon les manifestants, rassemblés sous l'égide du réseau Southern Europe Network Against Touristification (SET), l’afflux massif de touristes a fait exploser les prix de l’immobilier et des loyers, poussant les riverains hors de leurs quartiers.
À titre d'exemple, Barcelone, une ville de 1,6 million d'habitants, a attiré 26 millions de touristes en 2024. Et l'agrandissement souhaité de l’aéroport de Barcelone pourrait encore augmenter le nombre de visiteurs et accélérer la spéculation immobilière (jusqu’à +15 millions de passagers par an). Barcelone, dont le tourisme compose 15% de son PIB, a annoncé en 2024, qu’elle fermerait toutes les locations type Airbnb d’ici 2028.

"Nos ennemis sont ceux qui spéculent sur le logement"
Des manifestations similaires ont eu lieu dans d'autres régions d'Espagne, notamment à Ibiza, Malaga, Palma de Majorque, Saint-Sébastien et Grenade. L'objectif n'était pas d'attaquer les touristes, a déclaré Asier Basurto, membre de la plateforme "Décroissance touristique" qui a organisé une marche dans la ville basque de Saint-Sébastien. "Ceux qui partent en vacances ici ou ailleurs ne sont pas nos ennemis, ni la cible de nos actions", a-t-il déclaré. "Soyons clairs : nos ennemis sont ceux qui spéculent sur le logement, qui exploitent les travailleurs et qui tirent d'énormes profits de la touristification de nos villes", a-t-il confié au Guardian.
À la hausse du coût du logement s'ajoute la saturation des centres-villes : embouteillages, files d’attente interminables... Si le tourisme génère des emplois dans ces villes, privilégiées des touristes notamment en été, les manifestants estiment que ces bénéfices ne compensent pas la hausse générale du coût de la vie — transports, alimentation, loyer — subie par les populations locales et la prolifération d'emplois précaires.
En Italie, des manifestations ont eu lieu à Gênes, Naples, Palerme, Milan et Venise, où les habitants s'opposent à la construction de deux hôtels qui ajouteront environ 1.500 lits supplémentaires à la ville, indique l'agence de presse britannique.