Au collège du bois d'Aulne à Conflans-Sainte-Honorine, l'émotion est encore tenace, deux ans après l'assassinat de Samuel Paty. 1:53
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Caroline Baudry (à Conflans-Sainte-Honorine), édité par Romain Rouillard , modifié à
Il y a deux ans, Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie dans un collège de Conflans-Sainte-Honorine dans les Yvelines, était décapité pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet à ses élèves. Dans l'établissement, personne n'a effacé ce drame de sa mémoire et le traumatisme reste palpable.
REPORTAGE

Au dessus du collège du bois d'Aulne à Conflans-Sainte-Honorine dans les Yvelines, plane encore le fantôme de Samuel Paty. Il y a deux ans, ce professeur d'histoire-géographie était assassiné pour avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet. Dans l'établissement où il exerçait, les plaies sont encore vives. 

A 16h devant les grilles ce jeudi, les collégiens chahutent et hurlent de rire tandis que les plus petits courent embrasser leurs parents. Pourtant, aucun d'entre eux n'a oublié l'épisode glaçant du 16 octobre 2020. Au moment d'aborder les élèves en évoquant le nom de Samuel Paty, les visages se ferment instantanément. 

"Passer à autre chose"

Un élève de 4e préfère reculer en secouant la tête pour dire non. Traumatisé selon sa grand-mère, il n'en dira pas un mot. Tout juste entré au collège, Tom croise souvent les plus grands, ceux qui étaient là il y a deux ans au moment du drame. "On entend parler de Samuel Paty et ils nous disent 'oui c'était dans ce collège' parce que certains 6es vont leur poser des questions. Par exemple devant le CDI, il y a une affiche disant que Samuel Paty venait souvent au CDI. Il y en a encore dans la cour, derrière le préau et il y avait des peintures avec la devise 'Liberté, Égalité, Fraternité'".

Un peu plus loin, une mère attend sa fille de 4e dans sa voiture, garée dans la rue sous les arbres. Le regard fuyant et d'une voix chevrotante, elle dit vouloir "passer à autre chose", à l'instar de la plupart des parents d'élèves. De leur côté, les professeurs ont décidé de ne plus parler à la presse. Ils souhaitent se protéger en restant discrets.