Devant le collège du Bois d'Aulne, où travaillait Samuel Paty, l'émotion est toujours présente parmi les collégiens. (Archives) 1:47
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Marion Gauthier, édité par Gauthier Delomez
L'Éducation nationale rend hommage vendredi à Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie tué par un terroriste tchétchène il y a un an, le 16 octobre 2020. Dans la commune de Conflans-Sainte-Honorine, où travaillait l'enseignant, le souvenir de l'assassinat perdure dans la mémoire des collégiens.
REPORTAGE

Le temps semble s'être arrêté dans le collège du Bois d'Aulne à Conflans-Sainte-Honorine, où travaillait Samuel Paty. Un an après l'assassinat de l'enseignant, perpétré par un terroriste tchétchène, un hommage national lui est rendu vendredi. Ses collègues prendront la parole, des élèves présenteront leurs travaux sur la liberté et un livre d'or est à disposition. Également, certains peuvent déposer des fleurs devant l'établissement scolaire. Un hommage à la hauteur du traumatisme vécu par les jeunes élèves de cette commune des Yvelines. "Cela fait une semaine que je ne dors pas bien parce que j'y pense", souffle une collégienne.

"On sent qu'il manque quelqu'un", confie une collégienne

Pour tous les collégiens qui ont côtoyé Samuel Paty, il est impossible de tourner la page. Des malaises, la difficulté de suivre un cours d'histoire après ceux de l'enseignant... Marie s'est relevée, mais elle replonge avec sa sœur et sa mère dans les souvenirs. "On sent quand même qu'il manque quelqu'un", confie la jeune collégienne. Sa sœur acquiesce : "Surtout avec les profs parce qu'avant, ils parlaient, ils étaient plus souriants d'habitude. Ce n'est plus pareil". Leur mère reste sur ses gardes : "Au quotidien, un bruit suspect, ou il n'y a pas longtemps, une voiture qui a flambé. On sent que toute cette émotion et cette peur resurgit".

Une douleur commune difficile à exprimer

Près du collège, les enseignants demandent le silence. Les élèves se pressent à la sortie, les yeux fixés sur leurs chaussures. "Ils ont essayé de faire oublier un peu l'histoire comme ils pouvaient", raconte Nicolas, qui était en classe de troisième au moment de l'assassinat. Il énumère les cellules psychologiques et les rencontres avec des victimes du terrorisme qui ont marqué sa dernière année de collégien.

"Mais après plusieurs mois, il n'y avait plus rien", affirme-t-il. "Plus personne n'en parlait. À croire que tout le monde l'avait oublié, alors qu'on savait qu'on l'avait tous en mémoire." Cette douleur commune est difficile à exprimer. L'établissement réfléchit à changer de nom, un buste de Samuel Paty pourrait être érigé dans la cour. Mais pour beaucoup d'élèves, tout juste un an après les faits, c'est trop tôt, trop court. Samedi, un an jour pour jour après l'assassinat du professeur, le président Emmanuel Macron et le Premier ministre Jean Castex recevront à déjeuner la famille de Samuel Paty. Par ailleurs, une plaque à son nom sera dévoilée au ministère de l'Éducation nationale.