Les policiers font face à des malfaiteurs de plus en plus connectés ces derniers temps. 1:27
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William Molinié , modifié à
De récentes affaires mettent en lumière le recours aux technologies de pointe par les groupes criminels. Les malfaiteurs n'hésitent pas à utiliser du matériel sophistiqué pour mener à bien leurs activités et les plus aguerris vont même jusqu'à dérober des équipements appartenant aux services de police ou de gendarmerie.

C’est une affaire qui a estomaqué les services d’enquête occidentaux. Le démantèlement par la police albanaise le mois dernier d’un réseau de 500 caméras clandestines disséminées dans les rues de Tirana, a été largement commenté dans les sphères policières européennes. D’autant que l’Albanie est régulièrement pointée du doigt, accusée de se montrer trop conciliante et laxiste avec la mafia locale qui s’exporte dans l'ensemble de l'Union européenne. C’est dire si ces malfaiteurs ont dû froisser Tirana pour qu’elle décide de mettre un terme à leurs agissements. Ces discrètes caméras, installées sur des poteaux électriques par les groupes criminels organisés de la capitale albanaise, étaient destinées à contrôler les allées et venues de la police ainsi que les éventuels rivaux afin d’avoir toujours un coup d’avance.

Démocratisation de la haute technologie

Les enquêteurs spécialisés dans la lutte contre le crime organisé observent régulièrement le recours à ces technologies plus ou moins sophistiquées, en vente libre. "La technologie de pointe se démocratise et on voit aujourd’hui des équipes de niveau intermédiaire, voire en bas de la chaîne du crime, dotées de matériel haut de gamme", décrypte une source policière.

Derniers "gadgets" à la mode, mais néanmoins efficaces, décelés par les policiers, les puces "AirTags" commercialisées par la marque Apple au prix unitaire de 40 euros. Cet outil de sécurité contre le vol permet à l’origine de tracer des objets de valeurs. Mais ces petites balises sont détournées de leur fonction première. Selon les informations d’Europe 1, elles sont parfois dissimulées par les trafiquants dans les chargements de stupéfiants pour qu’ils puissent à distance et en temps réel suivre les cargaisons. 

Des vols dans les services régaliens

S’ils se procurent légalement ces outils en vente dans les commerces, les plus aguerris n’hésitent pas à voler, voire à cambrioler les services de police ou de gendarmerie équipés de moyens d’effraction. "Des cas de vols au préjudice de services régaliens sont recensés", rapportait, il y a peu, une note policière.

C’est le cas notamment des vérins hydrauliques utilisés par la police pour ouvrir les portes blindées lors des interpellations à l’heure du laitier ou lors des perquisitions. Ce matériel, entre les mains des malfaiteurs, a récemment été retrouvé sur des scènes d’attaques de distributeurs de billets ou de coffres-forts.

Investissement de 1.500 euros pour fabriquer un imsi-catcher

Une autre affaire relayée par la presse le mois dernier a mis la lumière sur des malfaiteurs franciliens qui ont utilisé un imsi-catcher, dispositif réservé aux services de renseignement ou à l’armée, pour récupérer des milliers de numéros de téléphone portable dans le but de commettre une vaste escroquerie aux SMS.

L’enquête devra déterminer l’origine de l’imsi-catcher. A-t-il été dérobé à un service régalien ? A-t-il été acheté illégalement sur le darkweb, lieu virtuel de tous les trafics ? Ou tout simplement fabriqué de toutes pièces ? "Avec quelques compétences en informatique et en électronique, l’investissement en matériel n’est pas si élevé que ça. Il faut compter entre 1.000 et 1.500 euros pour fabriquer un exemplaire", conclut un bon connaisseur du dispositif.